Le sujet de Lelouch est faible. Son habileté de metteur en scène, seule, permet de créer l'illusion et de ménager quelques effets en jouant notamment avec la chronologie. Son univers romanesque et sentimental a certainement inspiré des films plus sensibles et plus réussis dans sa filmographie... D'ailleurs, incontournables, les aphorismes philosophiques lelouchiens sont ici assez ridicules.
Le cinéaste raconte dans un premier temps deux histoires, celle de Valentin (J.Irons), escroc de haut-vol (ses astucieux vols sont au demeurant peu crédibles) et celle de Jane (Patricia Kaas), chanteuse de piano-bar tout juste larguée par son mec. Le hasard et, surtout, la volonté du réalisateur les font se rencontrer
à mi-film dans un hôtel touristique du Maroc.
Pour donner quelque relief à la relation entre ses deux personnages disparates et artificiels, Lelouch greffe une vaine intrigue policière. Jeremy Irons assure avec métier, Patricia Kaas manque de technique et de tempérament. Cette inégalité accentue notre indifférence à l'égard du couple et à l'égard de deux figures plus théoriques que sincères auxquelles Lelouch ne parvient pas à nous attacher. Au-delà de la griffe du réalisateur, de ce romantisme conforme à son style, Lelouch raconte une histoire un peu creuse, tel que soulignée par le dialogue fade, pseudo spirituel qui s'instaure entre Valentin et Jane.