Jacen - Trip in Asia

And your bird can sing (2018) - きみの鳥はうたえる/ 106 min

Réalisateur : Shô Miyake - 三宅唱.

Casting principal: Emoto Tasuku - 柄本 佑, Ishibashi Shizuka - 石橋 静河, Sometani Shota -染谷 将太.

Mots-clefs : Japon - Romance - amitié

Le pitch :

Le pitch officiel ne rendant pas hommage au film et comme le pitcher revient à parler d’un bête triangle amoureux entre « Je », son pôte Shizuo, et Sachiko, eh bien on va se contenter de cette info. Voilà, tout simplement… Bon un triangle qui met les poils mais tout de même.

Premières impressions :

Quand était-ce la dernière fois que j'ai pleuré à la fin d'un film ? Non, pas la larme à l'oeil mais le vrai pleur, celui qui se déclenche quand on est saisi d'émotion ? Et quand était-ce la dernière fois que j'ai eu un spasme, un truc qui explose comme ça, semblable à un orgasme ? Je sais que j'étais un peu comme dans un état second après avoir enchainé deux films au milieu de la nuit, mais tout de même, pleurer d'émotion parce qu'un réalisateur a su assumer un cut de fin au moment parfait, ce n’est pas banal. Les réalisateurs qui savent terminer leurs films, sans rajouter 10 minutes inutiles à l’histoire, sans proposer trois plans de fins, il y en a extrêmement peu.

Alors oui, pendant un peu plus d'une heure quarante, j'ai été sous le charme de ces deux copains qui vivent en coloc et de cette jolie jeune femme qui sort avec l'un tandis que l'autre la bouffe des yeux. Oui, j'ai aimé leur bienveillance, leur relation où les mots en disent autant que les regards, le pas à pas des sentiments. J'ai aimé ces nuits dans les rues, les bars ou les karaokés, les ivresses et les lumières des néons. J'ai plané en suivant les soirées entre copains, les réveils difficiles et ces sourires... Depuis combien de temps je n'avais pas vu une actrice aussi jolie ? Un sourire qui travers l'écran et vient s'afficher sur votre visage. Un jeu aussi, simple, naturel, qui s'entre croise avec celui des garçons...

Trois personnages, trois acteurs, et chacun qui prend sa place. Sometani, l’acteur qu’on ne présente plus tellement il est partout depuis quinze ans, chez Miike, Kiyoshi Kurosawa, Shinkai, Sono, alors qu’il n’a que trente-et-un an, Sometani dont je suis tombé amoureux après A Liar and a Broken Girl de la géniale Natsuki Seta, est encore parfait. Il a beau faire du Sometani, c'est à dire du rien laissé paraître, du regard dans le vague, du sourire un peu niais, presque du sous-jeu, il me touche à chaque fois. Ishibashi Shizuka, vue récemment dans Aristocrats (2020) chez Yukiko Sode crève l’écran par son sourire, sa fraicheur, la justesse de son jeu qui arrête mon cœur à chaque regard. Et enfin, Emoto Tasuku (The Housewife, 2020), parfait en héros sans nom, parfait pour être notre vaisseau transactionnel de cet espace au fin fond d’une petite ville de campagne japonaise où le temps s’est arrêté.

Voilà le cinéma que j'aime. Celui qui est simple, qui ne dit pas grand chose et tout à la fois. Celui qui laisse vagabonder mes idées, qui me rend philosophe, qui me questionne sur la vie et l'amour. Celui qui me fait m'extasier sur un plan, une image, toute simple mais si parfaitement imparfaite. Celle d'un visage, d'un regard sur lequel mon imagination s'emballe. Et qu'importe si l'histoire est classique puisque le temps suspend son vol. Puisque l'amour nous frôle la joue comme une brise de printemps. Encore un film qui sera invisible, qui n’a pu passer chez nous que via festival et qui restera dans l’anonymat des films indépendants même si le relatif succès de « La beauté du geste » du même réalisateur peut laisser espérer qu’un jour un éditeur se penche sur le travail complet de ce jeune réalisateur d’à peine 40 ans et qui a un talent immense.