Qui connait la carrière d'Anelka dira ce que Wenger dit de lui dans ce documentaire : quand bien même les scandales et certains choix sportifs douteux, il a eu une bonne carrière, mais elle aurait pu être bien meilleure si l'homme derrière le footballeur avait su mettre de l'eau dans son vin quand cela était nécessaire.
Anelka s'en explique, parfois à demi-mot, quand ce n'est pas le journaliste derrière Anelka, l'incompris qui le suggère : la jeunesse, certes, l'entourage parfois, l'arrogance malgré tout, et une cabale étrange sur le plan humain mais pas si surprenante dans un milieu aussi putassier que celui des réseaux sociaux.
L'ennui dans tout ça, c'est l'absence quasi-inexistant de contrepoint. Sorti de l'intervention de Houiller qui rappelle, selon lui, pourquoi Anelka a loupé le coche avec Liverpool, on a affaire pendant 94 mns à un long plaidoyer justifiant plusieurs épisodes discutables par notre méconnaissance du personnage. Bien sûr, on ne reniera pas l'évidente maladresse du corps journalistique français qui, s'il ne racle pas aussi profondément que celui dont l'Espagne se pourvoit, n'est pas à son premier épisode d'irresponsabilité couverte de manière indécente par la sacro-sainte liberté d'expression. Mais quid des détracteurs qui eux aussi peuvent rappeler que le football est un sport d'équipe et qu'un grand sportif d'une sport collectif doit aussi savoir quand l'individuel doit s'écraser pour le bien de tous ? Quid des Domenech, Fernandez et autres coéquipiers ou entraîneurs qui pourraient rappeler que, non, Anelka n'est pas un ange et qu'il est le premier responsable des tremblements de terre vécus au cours de sa carrière ?
Soyons honnêtes : nous ne sommes pas dupes que la presse, notamment L'Equipe et son grand sens du devoir sigh qui n'emploie que des têtes bien faites visant le concret et l'objectif au sensationnel re-sigh, a raconté beaucoup de conneries. Mais le côté "il faut connaître l'homme pour pouvoir le juger" dans un monde où on juge l'homme avant tout par ses actes et non par ce qu'il pourrait réaliser agace plus qu'il ne justifie. Et la démarche, visant à qualifier le joueur d'incompris, laisse planer le doute quant à une réelle volonté d'aller au fond des choses.