Pour la première fois depuis que je suis sur Sens Critique, je vais enfin pouvoir parler de parfums. Il y a une grande tendance dans la parfumerie de masse actuelle, une tendance qui grosso modo se résume à l'infantilisation. Et qu'est-ce que l'on fait de mieux en matière de rappel de souvenirs d'enfance de nos jours ? Du nutella. Du sucre. Du glucose en veux-tu en voilà. Les derniers parfums sortis très souvent puent. ça pue la barbe à papa, ça pue les bonbons haribo, ou comme Ange et Démon, ça pue la tarte à la crème. A noter, il y a quelque chose d'assez cocasse dans le fait de nommer un parfum Ange et Démon, comme une double-face pour l'assimiler à du sucre blanc ultra raffiné.
Angel a produit le même effet que les glucoseries de la parfumerie chez moi : Loverdose pour le jeu de mots. C'est tellement gros, tellement imposant, tellement vulgaire et poussif qu'il ne peut s'agir que d'une caricature, ou plutôt d'un malabar créé par Ozon pour s'amuser. Les couleurs parviennent à la saturation tellement excessive qu'elle en fait mal aux yeux. Les dialogues sont stupides, les personnages caricaturaux à l'extrême. Angel est énervante de bout en bout, Esmé est un homme, donc forcément il trompe Angel. La photographie abuse du flou romantique, avec un effet Harlequin garanti. Mais la question que je me pose reste : pourquoi ?
Pourquoi avoir cherché à faire une histoire romantique caricaturale ? Jane Austen s'est déjà moquée il y a quelques siècles dans ses écrits avec beaucoup plus de talent (et de pudeur aussi) que Ozon des jeunes femmes fantasques et dramatiques jusqu'à l'absurde, comme l'ont prouvé les adaptations de ses livres en films. Dans le genre grandiloquent, froufrous et costumes virevoltants à l'excès, le Dracula de Francis Coppola est un très bon exemple. Angel, fort de ses deux heures et quelques de film créé une sacrée indigestion visuelle, annoncée dès l'ouverture du film par sa police d'écriture rose vif. Que vive le tape-à-l'oeil !
C'est assez dommage que le résultat soit mauvais à tous les niveaux. Le manque de subtilité de la chose fait qu'au lieu de nous donner à voir une ironie douce amère, on a une sorte de drôlerie tout droit sorti d'un premier Avril chiant où tout le monde vous accroche des poissons dans le dos. N'est pas une tubéreuse fracassante qui veut.