François Ozon sauce anglaise, ça donne quoi ? Eh bien ça donne « Angel », spectacle mélodramatique à l'ancienne, parfois kitsch au possible et souvent séduisant, malgré quelques gros problèmes. Enfin, quelques, surtout un : la fameuse Angel ! Loin de moi l'idée de penser que toutes les héroïnes doivent être fades et sans personnalité, bien au contraire. Seulement, ici notre héroïne est pendant presque les deux-tiers l'une des plus horripilantes de l'Histoire du cinéma, à qui on aurait presque envie d'envoyer Hannibal Lecter et Dexter pour que ces derniers lui fassent du mal, beaucoup de mal.
C'est con à dire, mais cela m'a enlevé beaucoup du plaisir que j'aurais sans doute ressenti si celle-ci avait été ne serait-ce qu'un peu moins odieuse. Ce ressentiment est d'autant plus dommage que pour le reste, le réalisateur de « 8 femmes » s'est donné à fond : couleurs somptueuses, décors remarquables, costumes superbes, musique envoûtante... C'est un sans-faute et surtout un plaisir de tous les instants pour les yeux et les oreilles, d'autant qu'un indéniable souffle romanesque vient plusieurs fois souffler sur une œuvre comme on a plus l'habitude d'en voir.
Au final, c'est le dernier tiers qui fait basculer la balance dans le positif, notre identification à Angel devenant possible dès lors que celle-ci perd perd ce(ux) qu'elle a de plus cher, renouant enfin avec la grande tradition des personnages féminins marquants et même émouvants. Bref, un film qui ne ressemble pas vraiment aux habituelles de son auteur (quoique), mais ayant, malgré ses imperfections, suffisamment d'atouts sérieux pour séduire : une expérience à tenter.