Une œuvre difficile à cerner, mêlant vieux polar hard-boiled et fantastique, Angel Heart ne tient que sur sa révélation finale, pilier de l'intégralité du film. Car dans la forme, le long-métrage du monstrueux Alan Parker n'est qu'une banale enquête comme on en a vu d'autres, avec son privé grande-gueule s'aventurant dans les bas-fonds et les quartiers mal famés, interrogeant et menaçant les quidams qui lui tiennent tête.
Mais là où on aurait pu s'ennuyer, Parker fait s'immiscer le spectateur très progressivement vers le côté fantastique puis ésotérique par le biais d'une lente progression pas toujours visible. Ainsi, d'une banale enquête, notre Harry Angel de New York va se retrouver en Louisiane, mêlé à des meurtres sanglants, au vaudou puis à la fameuse révélation (dont je tairais le secret). Le metteur en scène instaure une ambiance petit à petit malsaine et au final, une logique à toute épreuve, justifiant chaque scène anodine défilée tout au long du métrage.
Violent, parfois dérangeant, Angel Heart tient la route, mettant en avant un Mickey Rourke alors beau gosse face au discret Robert De Niro, glaçant en commanditaire mystérieux, effrayant à chaque apparition. Sensuel, brulant, sanglant, le film est un coup de poing dans le domaine du fantastique. À voir jusqu'à la dernière seconde.