La ballade de Harry Angel et Johnny Favourite
Alan Parker nous offre une œuvre complètement malsaine, un film bizarre, voire inquiétant et travaillé de l’intérieur par des pulsions obscures. Du temps où De Niro savait choisir ses rôles, et quand Mickey Rourke était au sommet de son art. Polar surnaturel voire satanique, d’une étonnante originalité, où un détective de petite envergure, un certain Harry Angel est chargé de retrouver un dénommé Johnny Favourite, disparu sans laisser de traces. Harry voit son enquête le mener du côté de la Louisiane, et ne s’inquiète pas du nombre inquiétant de cadavres qui s’accumulent sur sa route, (il devrait) ; et on voit le piège se refermer peu à peu lui, sans comprendre. Un Mickey Rourke beau comme un dieu ou un ange déchu, (ceux qui ont déjà vus le film comprendront le jeu de mot), un De Niro d’une sobriété affolante, qui joue le rôle du diable en personne. Une histoire puissantte, avec une fin symbolique qui nous laisse en suspens, et un Parker d’une insolente maîtrise, il arrive à suggérer beaucoup tout en dépouillant ses plans. Le suspense et l’ambigüité s’installent et se renforcent peu à peu, sans overdose d’effets à l’emporte pièce, bien que la violence soit là, sous jacente, éclaboussant certains passages, et dérangeante car inexplicable, jusqu’à la révélation finale. Très beau film à la fin « lumineuse », au propos risqué, à la mise en scène dépouillée, au ton clairement de film « noir » qui frise habilement avec le fantastique, voire le film de genre. C’est le genre de polar qui n’est pas bousillée par sa révélation finale, car tout comme Harry on cherche, on cherche, et on n’arrive pas à démêler les fils. On sent comme lui qu’il y a problème, mais on n’arrive pas à saisir lequel, jusqu’à ce que…
Polar ou film « noir» je ne sais, mais je dis, génial!