C'est un réel plaisir pour moi que de (re-)découvrir les classiques d'Alan Parker, et ce d'autant plus que j'étais passé à côté de cet Angel Heart dont le nom me disait bien quelque chose en raison de la performance saluée de son premier rôle, Mickey Rourke, taillé sur mesure pour incarner ce "détective" à la dégaine impayable, aussi placide qu'impulsif, et à la voix susurrée...
Harry Conroy, alias Harry Angel, après que nous avons découvert entre chien et chat un macchabée gisant dans la neige des rues de Brooklyn, se retrouve à enquêter sur un chanteur de charme introuvable, Johnny Favorite, pour le compte d'un étrange et riche personnage se nommant Louis Cyphre (Robert DeNiro). La barbiche de satyre, les ongles crochus et manucurés blanc-opalin, le costard sur mesure et la canne assortie, l'effrayant Monsieur Cyphre gobe devant notre héros les oeufs durs comme on gobe les âmes... Nous savons d'emblée à qui nous avons affaire, pas de la plus subtile des manières, certes, mais nous savons...
Angel se lance donc sur les traces de Johnny Favorite dont il ignore tout ou presque. Entre les neiges new-yorkaises et la moiteur de la Louisiane, Angel ne trouve derrière lui - et les portes qu'il prend bien soin de fermer à clefs - que religions, rites vaudous, cadavres, et suspicion de la part des condés du coin... Et Dieu sait si cet athée n'aime pas, mais alors pas du tout les poulets ! :D
Sans transition, l'atmosphère musicale typique des polars des années 80, à base de saxos notamment, s'avère assez fantastique, et comme pour faire honneur au titre du film, de fréquents battements de coeur rythmeront les scènes les plus haletantes qui nous seront proposées. Le visuel ne s'avère quant à lui pas en reste grâce à certains plans de haute volée, d'immeubles, d'escaliers obliques, et en particulier ceux d'une plage surréaliste où les nuages n'empêcheront pas Angel de s'enticher d'un protège-nez solaire pour le moins ridicule (quoique l'idée reste assez bonne finalement), le rendant un peu plus sympathique encore, à l'image de ce long-métrage - peu avare en détails saugrenus de ce genre comme autres jeux de mots...
Sur la forme donc, Angel Heart m'aura de toute manière entièrement conquis. Car même en dépit d'une mise en place relativement lente et pas forcément passionnante, on ne lâche pas ce bon vieux Mickey Rourke d'une semelle en raison de la judicieuse mise en scène d'Alan Parker. Et si le scénario nous laisse un certain temps dans le flou de l'enquête, à l'instar de notre détective ne cessant de patiner, et pour cause, les premiers éléments décisifs finissent au moment le plus opportun par pointer le bout de leur nez au cours de scènes mémorables, d'une grande puissance voire assez trash (notamment dans la chambre d'Angel avec la sublime Epiphanie).
Quant au final, il m'a tout simplement scotché de par son intensité !
Un très très bon thriller donc, à la construction redoutable et à l'ambiance remarquable, porté par un Mickey Rourke fascinant, qu'il me tarde déjà de revoir...
8,5/10