Le sujet de Jean Giono mis en scène par Pagnol est un archétypes du mélodrame rural où, plus qu'à la ville, les femmes fautives et les enfants bâtards sont une honte indélébile. Ainsi, fille de la ferme des Barbaroux, Angèle (Orane Demazis) est séduite par une fripouille.
Ce début d'histoire parait d'ailleurs bien long, trop étiré, trop pathos, et ce n'est que lorsqu'Angèle revient de Marseille avec le fruit de sa faute, que son père, l'irascible Clarius,
enferme la femme et l'enfant de la honte dans la cave,
que le film montre sa meilleure part. Ce n'est d'ailleurs pas tant la triste histoire d'Angèle qui intéresse ici que l'univers de Pagnol (et Giono), ses personnages et sa langue incomparables.
Outre Henri Poupon, dans le rôle de Clarius, père autoritaire aux idées bornées, il y bien sûr Fernandel, dans un emploi pas prépondérant mais remarquable (ses rôles chez Pagnol n'ont vraiment rien à voir avec ses nombreux nanars des années 30). L'acteur, encore jeune, y joue les valets de ferme simplets qui illumine par sa candeur et sa bonté. C'est par Fernandel-Saturnin que le drame compassé puise principalement ses contingences comiques. Je n'oublie pas non plus de citer Edouard Delmont, le second rôle de toujours, dans un personnage gratifiant de travailleur saisonnier.
Tous véhiculent la dialectique -peut-être plus pagnolesque que provençale en définitive. Mais, par-delà du sujet et de ses protagonistes, quoiqu'inséparables d'eux, c'est aussi la vie paysanne d'alors, le travail de la terre qui transparaissent dans ce beau film.