Repérée notamment avec son remarquable court-métrage, Qu’importe si les bêtes meurent, Sofia Alaoui, native de Casablanca, confirme avec son premier long, Animalia, son goût pour les atmosphères de fin du monde, cachant, peu ou prou, un constat social intransigeant et accablant. Si demain les bêtes se réunissent, semblant prévenir les humains que quelque chose ne tourne plus rond dans ce monde, c’est sans doute qu’il est tout juste temps d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. La cinéaste préfère l’allégorie à la démonstration, suggérant les maux qui rongent de plus en plus l’humanité : dérèglements climatiques, rapport toxique à la nature, dévotion à la religion, individualisme forcené, relation épidermique à l'argent, etc. Si l’ambiance anxiogène agit à plein, il manque sans doute au film une plus grande densité à son scénario, qui joue trop ostensiblement la carte du symbolisme, ce qui en fait à la fois son attrait et en échafaude les limites. Impossible cependant d’être Insensible à l’élégance de la mise en scène, à l’inquiétante beauté des montagnes de l’Atlas et au talent et à la beauté de son interprète principale, Oumaïma Barid.