Connaissant déjà, sans savoir comment, la BO, je me dis que je suis obligée de regarder la chose. Anna Karina et Gainsbourg dans un même film, ça ne peut être que bien, n'est ce pas ?
Ah oui, film, c'est une comédie musicale.
Premier visionnage, on est perturbé.
Perturbé parce que le doublage est une immondice sans nom. Comme si le film avait été tourné et puis qu'on avait écrit les dialogues ensuite, qu'on avait fait coller ça en se disant "oh, mais ça passe !". Marianne Faithful en particulier, n'ouvre même pas la bouche sur certains morceaux de sa chanson.
Perturbé parce que ce film est complètement taré.
Malgré au premier regard une ressemblance un peu flagrante avec Funny face, La scène d'ouverture fait douter un instant : "j'ai téléchargé le bon film ?". On se roule dans la peinture, et puis ça continue : défilé de costumes et personnages étranges, colorés, géométriques et fouillis, jusqu'à ce qu'on en ait des hallucinations pleines de Anna toute prête à débarquer sur la Lune.
Positivement taré, cependant. Le film est plein d'une énergie ultra-positive. Energie créatrice ou énergie du n'importe quoi. On est à la limite du trop kitsch et du mauvais goût tellement de fois que c'est délicieux. Energie positive clairement dégagée par Anna, adorable et drôle, avec un rire superbe.
En balance de certaines scènes ultra kitsch, d'autres s'inscrivent étrangement et accrochent. Bien-sûr, cela ne va pas sans la musique de Gainsbourg, et ceux qui l'aiment déjà ont une chance de plus d'être conquis, notamment avec la Roller Girl. (Bizarrement, en regardant cette vidéo isolée, difficile de pouvoir apprécier le film : la chose fonctionne incroyablement aux revisionnages. Peut être le temps de s'habituer au doublage.)
J'ai une préférence pour la scène de la soirée, au début, même si elle est la première scène chantée de Brialy, et que le pauvre homme n'est clairement pas choriste. Sa voix est plutôt surprenante, mais, être à la limite du faux, c'est comme être à la limite du mauvais goût, ça a un charme sans fin -surtout ici.
En soi, le scénario est léger. Un homme tombe amoureux d'une fille sur une photo, il la cherche partout, et malgré son obsession ne la reconnait pas quand il la voit, tous les jours, au travail.
Clairement, plus personne n'a envie de le regarder, ce film. Mais, finalement, on s'en fiche vite de la ligne de la chose : ce qui compte c'est Anna, sous le soleil exactement, le grand n'importe quoi calculé pour se calquer sur les chansons de Gainsbourg, et des plans vraiment beaux.
Je vous promets, que même si ce n'est pas toujours évident, si on le regarde plusieurs fois, on peut en tomber amoureux.