Gary Dauberman multiplie les clins d’œil appuyés à "Rosemary’s Baby". Les personnages du jeune couple se prénomment Mia et John – comme Mia Farrow et John Cassavettes, les deux têtes d’affiche du film de Polanski… On peut ainsi s’amuser à traquer les références pendant tout le film (au moins, ça occupe) : le summum étant atteint par l’apparition d’un landau dans un sous-sol sous-éclairé… Mais cet exercice de style, qui ne force jamais sur l’inventivité, sonne rapidement creux.
Les manifestations démoniaques sont beaucoup plus proches d’une reconstitution cheap digne d’un reportage de « Mystères » (émission de TF1 consacrée au paranormal dans les années 1990) que de la tension d’un Exorciste. Leonetti ne disposait que d’un budget de 6,5 millions de dollars (largement amorti dès le premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis) et n’est pas parvenu à compenser ces moyens (relativement) restreints par un sursaut de créativité.
La plupart du casting livre une interprétation aussi désincarnée que la poupée. Celle-ci parvenant même à paraître plus expressive que les humains qui l’entourent. Et ce n’est pas dans la conclusion grotesque – qui a fait se bidonner plus d’un spectateur lors de l’avant-première parisienne – qui leur permet de se rattraper. La déception est grande, James Wan avait livré avec "Conjuring : les dossiers Warren" un film d’une facture classique mais efficace. Annabelle, par son criant aspect mercantile, vient à rebours, nous gâcher plaisir. À l’instar de la poupée maléfique, il faudrait la mettre sous cloche et interdire à quiconque de s’en approcher.