Je ne commente jamais les titres que je donne à mes critiques, mais je vais faire une exception car celui-ci représente bien ce que j'ai pu ressentir une fois sorti de la salle. D'abord, il incarne évidemment la chanson d'introduction, l'une des meilleures de l'œuvre et où Leos Carax, à travers une mise en abyme séduisante, démontre que chacun a un rôle à jouer dans la « grande scène de la vie » qu'est au fond ce film. « So May We Start » aussi pour le côté « show », donc, tant cette comédie musicale intégrale (comprenez quasi-exclusivement des paroles chantées) s'apparente à un très grand spectacle « image et son », cinématographique, théâtral et musical, donc, où le talent du réalisateur se ressent quasiment à chaque instant.
Mais aussi « So May We Start » parce qu'en définitive, je me suis un peu demandé quand le film allait vraiment commencer. Comprenez : le sujet a beau être fort, prometteur et offrir quelques beaux moments, le récit manque sérieusement de densité, si bien que je n'ai jamais réussi à m'y plonger pleinement. Certains visuels sont magnifiques (y compris cette affiche, bien qu'assez peu représentative : whaou), plusieurs morceaux marquants (celui chanté par Marion Cotillard est très beau), d'autres nettement moins (celui de la forêt : « je t'aime, tu m'aimes, nous nous aimons » ou quelque chose dans le genre : vraiment?), mais l'imposante durée se fait parfois ressentir, certes traversée par des moments forts (les concerts de Baby Annette, aussi puissants que « malaisants »), sans masquer les limites scénaristiques d'un récit s'apparentant souvent à une tragédie grecque, sans en avoir la puissance.
Notons, d'ailleurs, que le scénario a été écrit par Ron et Russell Mael, les deux membres du groupe Sparks, signant, évidemment, également la bande-originale. Si cette dernière, bien qu'inégale, donne globalement satisfaction, je pense que leur présence à l'écriture est l'un des problèmes principaux : ils ne sont pas scénaristes. Ils ont de belles idées, leur talent et influences musicales sont incontestables, mais c'est insuffisant pour un projet de cette envergure. Le film semble constamment entre musical de Broadway, stand up, cinéma, pour un résultat hybride, voire bancal. Après, on en a quand même pour notre argent. Ce n'est pas l'œuvre de tout le monde, on ne se moque pas de nous, les protagonistes sont complexes, intéressants, le voir sur grand écran reste une expérience à vivre. Mais au vu des attentes démesurées et d'une bande-annonce qui, pour le coup, faisait vraiment envie, la frustration, voire la déception ne sont pas loin. So... May We (Re)Start ?