« Annie » est incontestablement le plus couteux naufrage dans la filmographie de John Huston. En faisant l’effort d’oublier le fond qui prône les vertus de l’argent mais offre le manichéisme habituel dans le cinéma US : les gentils démocrates (Roosevelt) et les méchants républicains (qu’Annie remettra bien sur dans le droit chemin), la forme est désespérante pour tout amateur des comédies musicales de la MGM et des maîtres Vincente Minnelli et Stanley Donen. L’époque d’Arthur Freed, Betty Comden, George et Ida Gershwin a disparue depuis vingt ans, et seul, dans un style très différent, Bob Fosse offre encore des chefs d’œuvres avec « Cabaret » en 1972 et « All That Jazz » sept ans plus tard. Huston cherchant à recréer la magie de la Metro réalise un film où les rôles sont caricaturaux (parfois même plus que la BD « Little Orphan Annie »), le réalisateur cherchant surtout à adapter le music-hall à partir de son livret écrit par Thomas Meehan et scénarisé pour l’écran par Carol Sobieski. Le résultat souffre de plusieurs défauts majeurs : une partition musicale et lyrique dont seul “Tomorrow” se détache, des numéros médiocres exceptées la séquence au cinéma et celle qui précède l’évasion des petites orphelines. Le reste, malgré des décors somptueux et une belle photographie de Richard Moore en 70mm, ne parvient pas à atteindre ne serait ce que la moyenne car trop statique et trop théâtral. Heureusement le final à suspens, loin des mièvreries à la Disney, sauve quelque peu l’ensemble, Huston montre une fois de plus un talent certain dans le drame (même si le montage n’est pas au top dans cette scène). Globalement ça se laisse voir à condition de supporter Aileen Quinn dans le rôle d’Annie.