Féministe et pas que

C'est l'histoire de la montée en puissance d'une femme. Je ne parle d'une puissance qui serait celle de la domination et du pouvoir comme on peut le voir dans la plupart des films. Une montée en puissance de son affirmation, de sa connexion aux autres, de son altruisme, de sa conscientisation des rapports de force et de l'intérêt général, etc. C'est ce qu'on pourrait appeler dans le langage militant de l'empowerment. Bravo. J'espère que ce film touchera les spectatrices et les incitera à une telle volonté d'empowerment.
J'ai beaucoup aimé le moment où elle apprend à son fils à plier les draps, c'est là que la question féministe devient systémique et dépasse le cadre de l'avortement. Insouciant ça le fait rigoler, son jeune âge fait qu'il n'a pas encore mis cet événement dans une case politique des femmes qui vont à l'encontre d'une supposée nature et mettrait à mal son pouvoir d'homme.

Mais c'est aussi une vraie expérience de vie car on avance vraiment au même rythme qu'Annie. Au début on a peur. Pendant l'avortement on souffre de cette peur. Après on est bouleversé et on se demande quelle est la suite. Et la suite, c'est justement cette volonté de puissance, sur soi-même avant tout. Il y a une vraie identification au personnage et on ressent avec lui l'évolution de son parcours.

Il faut saluer le jeu de Laure Calamy qui est tout simplement bluffant. A la limite de pleurer dans beaucoup de scènes, elle n'a pas besoin de verser une larme pour qu'on comprenne sa tristesse intérieure. Elle est forte et sensible, c'est ce dont le monde a besoin pour sortir du patriarcapitalisme.

J'aurais peut-être aimé que le féminisme désigne des enjeux plus systémiques mais je comprends que ce soit compliqué d'aborder tout ça en un seul film. Les parties s'enchaînent déjà à merveille avec un début très dur qui accroche tout de suite le public et façonne son indignation face à la situation. Cela rend d'autant plus éclatant et désirable l'empowerment de la protagoniste

Merci.