"-Je t'aime. -Moi non plus... enfin si quand même... enfin je sais pas !". L'amour est souvent fait de hauts et de bas mais jamais autant que dans "Annie Hall". Alvy, jeune enfant nerveux et dépressif, est devenu grand mais n'a pas réellement chassé les démons de son enfance. Il reste fasciné par la mort, totalement dépendant de la psychanalyse qu'il suit depuis une quinzaine d'année et "un peu" misanthrope sur les bords. Cependant un rayon de soleil va entrer dans sa vie, véritable objet de culte qu'il va aduler et avec lequel il va vivre l'amour fou, la charmante et insaisissable Annie Hall.
Si dans un premier temps cet amour va sembler idyllique, bien qu'assez peu commun sur certains points, des tensions vont surgir et remettre en cause cette première impression de couple idéal. Séparés ou ensembles, qu'importe, ils ne peuvent pas vraiment vivre pleinement l'un sans l'autre.
Très belle histoire d'amour qui n'en est pas une, mais en fait si, "Annie Hall" est un film captivant. Brisant constamment le quatrième mur, Allen se met en scène dans un personnage qui vraisemblablement lui tient à coeur, sans doute fortement teinté de ses propres expériences de vie, s'auto-caricaturant aussi bien physiquement que idéologiquement. Très novateur dans sa manière d'impliquer le spectateur, amplifiée par une narration déstructurée, le film est un puzzle sur la complexité de l'amour offrant une expérience absolument délicieuse.
Force est de constater que Diane Keaton colle à la perfection au rôle proposé par Allen, alimentant à merveille ce personnage aussi incompréhensible que désirable qu'est Annie. Le duo est parfait et c'est avec une très grande ingéniosité que la place de meneur au sein de ce dernier est, à maintes reprises, remise en cause. Dans tous les cas, naît en nous une véritable fascination pour ces deux personnages marginaux.
Histoire d'amour chancelante qui touche autant au spleen et la nostalgie qu'au bien-être et à l'humour, "Annie Hall" est un excellent film qui commence sérieusement à me faire culpabiliser de n'avoir jamais pris la peine d'aller creuser du coté du cinéma de Woody.
Comme quoi l'image du rêve américain ne semble pas qu'illusoire, accessible même pour un petit garçon hyperactif vivant sous un grand-huit.