Grande fut la déception d'Alex Garland à l'idée de savoir que son film finit sur Netflix. Ce n'est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Si les bandes-annonces auxquelles nous avons eu droit depuis quelques temps au cinéma avaient de quoi réjouir, les projections-test se sont avérées globalement négatives. La suite, on la connait. Un de plus réduit à la sortie sur plateforme, Annihilation était pourtant bel et bien un film pour le cinéma, Alex Garland l'affirme et le soutient. Il va falloir faire preuve de détachement car une sortie aussi indigne peut nuire grandement à crédibilité d'un film qui, dans son genre, s'imposait comme la grande révélation de l'année.


Une zone étrange en pleine extension, dans laquelle des phénomènes inexplicables se déroulent. Léna, biologiste et ancienne militaire, va tenter de comprendre ce qui s'y passe et ce qui a pu arriver à son mari, récemment revenu de cette zone. Dès lors, Alex Garland, réalisateur et scénariste, lance les premières balises et situe son action au cœur d'un climat très clinique et premier degré, ancrant ainsi parfaitement son métrage dans le genre hard science-fiction. Les premières minutes font preuve d'une justesse technique et narrative franchement réjouissantes, à l'image de ce soudain retour de l'être aimé. Des retrouvailles fortes en émotion pour une séquence parfaitement interprétée par son couple d'acteurs.


Après un premier acte réussi, les choses se gâtent peu à peu. En effet, le second, abordant la progression des biologistes dans la zone, dessert cruellement le premier degré appuyé par son prédécesseur. La faute à une caractérisation très maladroite des personnages secondaires. Un groupe entièrement composé de femmes aux allures de Ghostbusters et aux attitudes convenues et agaçantes, manquant cruellement de charisme à l'image d'une Jennifer Jason-Leigh, guest-star dont la précense à l'écran est à remettre en question. De plus, le spectateur se doit d'assister à une succession d'événements d'une consternante banalité, la progression dans la zone passant par de classiques séquences de monstres, répétées de lieu en lieu... Et même si certains éléments trouvent par la suite toute une symbolique non sans intérêt, cela instaure une frustrante incohérence de climat, rendant ce second acte beaucoup trop conséquent sur la longueur du métrage pour le peu qu'il raconte finalement.


Fort heureusement, Garland parvient en partie à se ressaisir sur le dernier acte. En effet, le film retrouve ce qui fonctionnait au tout début et ajoute en supplément une forme de trip métaphysique, certes fortuit, mais plus que bienvenu ! Une longue odyssée spirituelle Kubrickienne et visuellement superbe, un rien prétentieuse mais suffisamment abstraite pour captiver intimement les sens du spectateur. Reste à dire que ce final manque d'explications... Là où Garland la jouait premier degré, il a tendance à se perdre dans ses idées en livrant ce final, joli certes, mais assez hasardeux. On peut cependant louer sa capacité à mêler l'intime au surnaturel au travers de divers flash-back, astucieusement répartis tout au long du métrage et qui ne sont pas sans rappeler la structure narrative de Premier Contact.


Annihilation n'est certainement pas un mauvais film mais il suscite davantage la déception que l'admiration. Alex Garland livre un travail honorable mais terni par un trop grand nombre d'idées qu'il peine à structurer. Il en résulte un film qui alterne les ambiances avec maladresse, nuisant ainsi à la dimension tragique et métaphysique que son réalisateur veut lui donner. Une sortie sur Netflix n'en est pas pour autant justifiable. Annihilation, malgré ses défauts notoires, parvient à rester ancré dans son genre et en fait une correcte oeuvre de hard science-fiction. À l'inverse, pour un film de cette facture, le spectateur est tout à fait en droit d'en attendre davantage.

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le 17 mars 2018

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langpier

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