Après avoir vu "Ex Machina" et "Men", que j'avais tous les deux vraiment appréciés, il était logique pour moi de poursuivre ma découverte de la filmographie d'Alex Garland à travers "Annihilation". On peut dire qu'une fois de plus, ça a tapé dans le mille. Une œuvre de SF / cosmic horror à l'atmosphère étrange et inquiétante et à l'esthétique léchée, regorgeant d'éléments qui viennent nous questionner et sans cesse bousculer notre compréhension et interprétation des événements représentés dans le film.

Un film d'abord cosmique dans sa forme, faisant défiler les tableaux surréalistes et déconcertants (parmi lesquels de nombreuses visions oniriques à la frontière de l'horreur, mais aussi de magnifiques compositions débordant de couleurs et de formes). Dans un monde où chaque objet, chaque plante et chaque être vivant semble porter en lui l'étrangeté de quelque chose venu d'ailleurs, en quoi peut-on se fier ?

Mais son caractère cosmique et "extra-terrestre" réside aussi dans son scénario parfois nébuleux, capable de nous retrancher aux confins de notre réflexion de par la multiplicité des niveaux des lecture et d'interprétation qu'il nous propose. Pur récit d'invasion alien par un organisme étranger voué à remplacer tout forme de vie terrestre, et à transformer le monde tel que nous le connaissons ? Image du combat contre l'addiction, la maladie, la dépression, la mort ? Ou encore métaphore du deuil et de ses différents stades d'acceptation ? Peut-être tout cela à la fois. Ou peut-être ce film recèle-t-il encore d'autres secrets, d'autres possibilités. A la manière des clones apparaissant dans plusieurs scènes du film, ces différentes lectures pourraient tout à fait cohabiter sans s'annuler pour autant.

Quelles que soient les réponses, voilà en quoi réside la principale force du film : dans le fait qu'il nous dépasse par bien des aspects, nous confronte à notre propre condition et à notre incompréhension. Un dépassement par quelque chose de beaucoup, beaucoup plus grand que nous, beaucoup trop grand pour nous et notre insignifiance d'êtres humains, quelque chose qu'on ne peut appréhender dans son entièreté et contre lequel on ne peut donc pas lutter... Que ce soit à travers le miroitement dans son ensemble, l'expansion du fungus, l'attaque de l'ours muté, la transformation végétale, la découverte du phare, et surtout la confrontation du clone, le film parvient à instiller en nous un profond sentiment d'impuissance anxieuse et d'effroi... Nous maintenant dans le doute jusqu'à la dernière seconde.

EctoplasMan
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le 21 avr. 2024

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