Franchement déçu par le dernier film de Sean Baker, pourtant auréolé d'une palme d'or au festival de Cannes. Jusque-là sa filmographie était un sans fautes pour moi. Que ce soit Tangerine, Florida Project ou Red Rocket, ils avaient tous su me toucher par leurs portraits de losers magnifiques, par leur humour et leur sensibilité. Je ne retrouve aucune de ces qualités dans Anora, qui me semble au contraire surfait, pensé davantage pour l'effet qu'il produira, adoptant une envergure qui sied mal à son réalisateur. C'est là toute la différence entre un film authentique et un film racoleur. Je ne suis presque pas surpris que ce soit donc celui qui marche le mieux.
Pire encore, Sean Baker se vautre dans une espèce de mépris de classes, compilant les clichés, aboutissant à un propos désastreux sur l'argent. Son personnage principal, une jeune femme vénale et superficielle, s'amourache d'un prince russe digne d'un enfant de cinq ans curieusement pubère, capable de s'enfiler des kilomètres de coke et des hectolitres d'alcool, absorbé comme un demeuré par ses jeux vidéos auxquels il joue aussi mal qu'il baise.
Patati patatra, le prince n'a aucune sensibilité ni aucune morale, et la jette comme une vieille chaussette. Elle trouvera alors réconfort auprès d'un mec lambda, sans fric, loin de la vie de princesse décadente qu'elle a effleuré durant quelques semaines.
Bref, vous l'aurez compris : les trop-riches ont trop de moyens pour avoir une morale, les pauvres n'en ont pas assez pour être heureux. Drôle de vision du monde, qui tourne uniquement autour du fric. On balaie d'un revers de la main toute nuance, pour servir ce discours qui plaît forcément aux bobo qui aiment mépriser les plus riches et infantiliser les plus pauvres. La palme d'or fait sens, dans la même lignée qu'un Sans Filtre au moins aussi catastrophique.