Vignette critique
Bon, c'est le 6e film que je vois de Sean Baker depuis juillet, il m'en reste 2 dans la rétrospective donc je peux considérer que je connais bien la filmographie du bonhomme. C'est un bon film, on rit beaucoup, le début va très vite et il y a quelque chose d'enthousiasmant dans ce conte de fées modernes et outrageusement vulgaire (drogue, putes, richissimes héritiers russes) qui colle bien avec l'univers désenchantée mais souvent résolument optimiste du cinéaste (en particulier Red rocket ou Florida project). Le problème, c'est que ce film dure 2h20 et étire de façon totalement artificielle les situations pourtant assez hilarantes de sa partie "screwball comédie arménienne". On finit par un peu se lasser que le récit traîne, les personnages qu'on appréciait nous deviennent peu à peu antipathiques et une espèce de moraline désagréable vient recouvrir le tout et semer le doute sur les intentions et le point de vue du cinéaste. Il y a souvent cette ambiguïté dans son cinéma et son rapport à ses personnages, c'est flagrant dans les deux films cités précédemment ou dans Four Letter Words, mais ici ça se matérialise dans une scène finale qui me dérange beaucoup et qui trahit complètement son personnage, comme s'il ne pouvait ou ne voulait plus assumer la subversion au cœur de son récit. Excellents interprètes et jolie photo par ailleurs. Palme incompréhensible (hors copinage de Greta Gerwig mais franchement c'est ridicule de faire ça).