Cendrillon du monde capitaliste contemporain

Quand Ani rencontre Ivan Zakharov, jeune russe richissime, la jeune travailleuse du sexe de Brooklyn se prend avec plaisir au jeu du jeune oligarque russe. Une histoire d'amour, d'opportunisme, de fuite en avant? Petit à petit, on comprend que le conte de fées moderne est voué à l'échec, à la hauteur de la folie capitaliste par laquelle il tient. Puis le film tourne au thriller, sans jamais franchir la frontière du drame, préférant l'humour à la violence physique.

L'histoire entre les deux personnages principaux peut sembler simpliste : le mariage d'une prostituée d'un milieu pauvre, aux lointaines racines russes qui rencontre un héritier richissime, pourri gâté. De sorte que ce mariage pourrait être une revanche fantastique sur la vie que mène Ani, jonglant entre son travail nocturne et le quotidien morne dans son appartement miteux qu'elle partage avec sa soeur, donnant sur une voie de chemin de fer.

Le film excelle à manier les styles: la première partie est une démonstration du luxe outrancier, jusqu'au mariage à Vegas, tandis que la deuxième partie est comme un thriller policier autour de la fuite d'Ivan et l'annulation du mariage.

Célébrant les excès (fêtes, drogues, alcool, sexe) sur une bande originale très festive et bling bling, le film instaure la toile de fond du film: la violence symbolique sociale entre les deux mondes d'Ani et Ivan.

Tous les personnages sont construits avec finesse et témoignent de l'attention au détail dont bénéficie le film : Ani et Ivan, elle qui se bat avec fierté et répondant contre les coups bas et lui qui restera un gamin immature et vaniteux, croulant sous le poids de ses parents.

Les frères Arméniens et Igor, les hommes de la famille Zakharov, sont un petit bonheur de trio : on note la scène de baptême et celle du discours réac sur la nouvelle génération, ou encore le personnage d'Igor, à la fois ingénu mais profondément bon, qui tient une place importante dans la scène finale réussie du film.

La référence à Cendrillon est faite une fois dans le film. Elle laisse donc à penser Ani comme la Cendrillon de notre monde capitaliste contemporain.