« La palme d’or, vraiment ? » est la phrase que j’ai le plus lu dans les autres critiques qui pour la plupart accordent un gentil 7 à Anora. Étrange question tant le film de Sean Baker s’impose comme étant la meilleure palme d’or depuis 10 ans (depuis Winter Sleep je dirais). Bien plus drôle et subtile que Parasite ou Sans filtre, plus beau que Anatomie d’une chute, plus profond que Dheepan, Anora est comme son personnage éponyme, une petite tornade émotionnelle et drôle à plusieurs niveaux de lecture.
Si le film souffre dans sa première partie de quelques longueurs , c’est pour mieux nous préparer à un 2eme acte tardif absolument culte. Exit le mari tête à claque, entre alors en scène les 3 personnages de bras cassés les plus attachants de l’année. À leur tête, le personnage de Toros joué par le désormais légendaire Karren Karragulian. Chaque réplique, chaque mouvement de panique de l’animal vous fera taper des barres. Imaginez Mr Wolff de pulp fiction mais avec une absence absolue de sang froid. Tous, notre héroïne comprise (à part peut être Igor), vont tout faire pour se raccrocher à leur poule aux œufs d’or. S’en suit une alliance improbable et une quête jubilatoire dans la nuit New Yorkaise. Et si à la fin on avait encore un doute sur le talent de Sean Baker et Mickey Madison, la dernière scène, terrassante d’émotion, nous fait fermer nos bouches jusqu’à bien longtemps après la séance.