N'avant pas lu le synopsis avant ma séance, en voyant la première partie sur cette jeune strip-teaseuse qui se met à fréquenter un jeune riche un peu trop insistant, j'ai pris un peu peur en me disant que, peut-être, j'aurais du mal à prendre de la distance par rapport au récit pour vraiment apprécier, et qu'il allait trop me toucher. Il n'en fut rien ; j'ai été très agréablement surprise par le second acte, centré sur une course contre la montre farfelue avec des personnages qui passent de l'anglais au russe en s'insultant, en hurlant, et en cassant tout sur leur passage. La salle a bien rigolé ! C'était à la fois sérieux et comique, et j'ai réussi à être très investie dans le personnage d'Anora, sans avoir à souffrir pour elle par procuration. Globalement, j'ai beaucoup aimé le film, et j'ai passé un bon moment — et un rapide ! Le film est long mais assez bien rythmé pour que cela passe bien.
Les trucs qui m'ont moins plu (spoilers) : la toute fin, le moment intime entre Anora et Igor ; j'aurais aimé qu'on lui épargne cette nouvelle sexualisation avant qu'elle ne puisse être autorisée à pleurer et à lâcher prise. J'ai trouvé que l'actrice qui jouait Galina Zakharov en faisait des caisses (notamment au moment où elle menace Anora avant de prendre l'avion) et ça m'a momentanément sorti du film. Enfin, j'aurais aimé qu'on aille au bout de ce délire déjanté, et, surtout, que la narration soit un peu plus critique du milieu dans lequel évolue Anora et de tous les fantasmes masculins dont elle est la cible. Le film est bien en soi mais j'ai l'impression qu'il ne prend pas suffisamment position au vu du sujet qu'il traite.