Dès le départ du réalisateur Edgar Wright, alors qu’il misait énormément sur ce projet, Ant-Man est devenu en un rien de temps un film voyant son engouement diminuer en flèche. Surtout aux vues du remplaçant, Peyton Reed, un homme qui n’avait alors qu’à son actif des comédies du genre American Girls et Yes Man. Et comme prévu, le Marvel clôturant cette Phase 2 après un Avengers : l’Ère d’Ultron des plus décevants n’est pas le nouveau Les Gardiens de la Galaxie qu’il aurait dû être, à savoir un blockbuster totalement décomplexé respirant la fun attitude. Mais au-delà de cela, il est bien au-dessus de la catastrophe annoncée, se présentant même comme un divertissement hollywoodien bien plus sympathique que les dernières « hontes » du moment (Jurassic World, Terminator : Genisys…).
Avoir un nouveau super-héros à proposer parmi Iron Man, Thor et Captain America ne pouvait qu’apporter une bonne dose de rafraîchissement à cette Phase 2 qui, malgré des opus à la qualité croissante par rapport aux originaux, se reposait exclusivement sur ses lauriers et ne prenait tout bonnement aucun risque (Avengers 2 étant la goutte faisant déborder le vase de ce point de vue-là). Tout comme Les Gardiens de la Galaxie, Ant-Man devait à tout prix apporter du sang neuf à un univers cinématographique qui commençait à en manquer cruellement. Malheureusement, il ne s’agira pas du long-métrage le plus inoubliable de la Phase 2. La faute principalement au scénario qui se révèle être d’une banalité presque affligeante. Car après tous ces longs-métrages réalisés depuis une décennie, Ant-Man nous ressert exactement la même recette : un homme qui se voit propulsé via des pouvoirs ou un costume hors normes à sauver le monde d’une terrible menace et à sauver sa belle. Ni plus ni moins !
Non pas que Marvel cherche à innover dans le monde des super-héros (The Dark Knight et Watchmen l’ont fait bien avant). Mais cela n’empêche pas de livrer un script pour le moins approfondi. Non, Ant-Man, c’est juste un divertissement qui ne cherche qu’à amuser la galerie sans passer par des personnages non caricaturaux. D’autant plus qu’ici, le film souffre d’un casting véritablement inégal, allant d’un Michael Douglas excellent à une Evangeline Lilly qui en fait des tonnes, avec au milieu à Paul Rudd qui s’en sort sans trop d’effort et un Corey Stoll plutôt inexistant. Ainsi que d’effets spéciaux certes dans la moyenne de ce qui se fait de nos jours, mais bien en deçà des dernières productions Marvel (le côté numérique des images est bien trop visible à l’œil nu).
Malgré ces remarques au premier abord assassines, on sort de la séance d’Ant-Man d’assez bonne humeur. En effet, malgré son énorme manque d’originalité, le film se montre suffisamment sympathique pour justifier l’achat d’une place. D’accord, l’ensemble a bien du mal à se mettre en place (le début traîne vraiment la patte avant que les choses prennent enfin la tournure souhaitée) et certaines scènes se prennent au sérieux de manière maladroite (surtout avec le personnage d’Evangeline Lilly). Mais au final, on se retrouve face à un blockbuster qui sait amuser par ses séquences d’action qui font mouche (surtout celle du train électrique) et quelques notes d’humour bien placées (le trio secondaire accompagnant le héros, avec un Michael Peña en grande forme). Le tout en plus d’un côté « film de casse » aux étapes scénaristiques inévitables (la formation de l’équipe, la préparation du braquage, l’exécution de celui-ci…) mais pour le mois efficaces. Sans oublier les pouvoirs du héros (se miniaturiser et communiquer avec les fourmis) qui, s’ils pouvaient être ridicules à première vue, se révèlent être assez cools à observer. Le minimum syndical pour un long-métrage Disney/Marvel, certes ! Cela n’empêche pas cette formule de fonctionner une nouvelle fois !
Alors oui, sans doute qu’Ant-Man aurait eu l’air moins conventionnel entre les mains d’Edgar Wright. Et que les défauts de ce film ne seraient pas aussi nombreux qu’à l’heure actuelle. Mais face à des grosses productions qui se fichent totalement de la tête du spectateur en le prenant pour un c**, Ant-Man n’a pour ambition que celle de divertir. En se contentant de cet objectif, il se présente à nous comme un film plutôt sympathique. Agréable à suivre : pas mal pour un projet qui s’annonçait comme un parfait échec, vous ne trouvez pas ?