La phase 2 se termine et emmène avec elle un dernier film étonnamment humble si on le compare aux derniers rollercoasters du MCU. Retour, donc, bienvenue, à ces héros Marvel empêtrés dans les problèmes quotidiens (éclatement de la cellule familliale, prise de décisions hâtives et néfastes, background professionnel peu recommandable et casier judiciaire non vierge) avec à la clef la désormais rédemption obligatoire. Scott Lang n'est pas Peter Parker. Pas de trauma et donc pas de responsabilités. Scott Lang n'a pas de marteau, pas de bouclier, pas d'armure, pas de fric et surtout aucunes habilités à dérouiller le crime dans un mano à mano. Non, Scott n'a qu'un seul talent, celui de détrousser son prochain. Pas fameux si l'on aime sa gamine de 5 ans et que l'on doit au moins lui garantir une pension alimentaire mensuelle. De ce postulat de départ, Ant-man va rapidement gagner des points et viser le coeur.
Ecrit en partie par Rudd et McKay, le script est la synthèse improbable entre une comédie Apatow et un film classique de super-héros. La patte des deux bonhommes est reconnaissable. La bande de potes de Lang est quasi l'incarnation de celle de "40 ans toujours puceau". Fumeurs de cônes, gamers invétérés, bouffeurs de fast food avec une vieille idée farfelue dissimulée dans le bulbe rachidien, les "Gus" vont se révéler d'une aide toute particulière lorsque le besoin s'en fera ressentir.
Ant-man sera à l'image de ses scénaristes, un métrage décomplexé mettant en avant des antihéros en marge de la société. Une tag-line bien connue des amateurs de Kick-ass : "Pas de pouvoirs, pas de responsabilités"pourrait ici trouver son sens car c'est bien une charge supplémentaire sur les épaules de notre petit héros qui va le transformer en leader. Métaphore constante de l'humain quittant son cocon pour finalement embrasser sa nouvelle nature, le genre super héroïque trouve dans le film de Peyton Reed, un écho fake caressant presque le pastiche. Le processus va s'avérer douloureux pour Ant-man mettant à rude épreuve sa stature d'homme viril sortant de prison. Incapable de maitriser ses nouvelles capacités, le héros va littéralement se prendre des murs dans la face, se faire puncher par le sosie de Louise Brooks (adorable Evangeline Lilly) mettant au placard un machisme latent et affronter le regard perplexe du Docteur Pym (Michael Douglas). Scott va devoir également gérer sa peur face à ses "nouveaux alliées"et investir une forteresse comme première mission. Beaucoup, beaucoup trop pour un seul homme pressé par un mentor qui pardonne difficilement les bourdes d'un amateur. Chaque ressort dramatique ou comique verra les personnages ramenés à taille humaine. La sphère privée ou bien professionnelle de Lang mises à mal par les aléas de la vie confortera le spectateur dans cette idée que finalement l'acte héroïque se trouve au plus profond de soit. Une réponse finalement donnée 8 ans après le premier Iron Man : c'est bien l'homme qui fait le héros et pas l'inverse !
Attaché à l'idée d'un loser en costard de Superman, le film joue habilement sur l'échelle des objets mais surtout sur le point de vue du spectateur. Un dispositif qui dévoilera l'une des plus belles idées vues depuis longtemps au cinéma et dont la thématique n'est pas sans rappeler "Interstellar" et "Tree of life". L'infiniment petit n'est pas inversement proportionnel aux qualités du film. Les défauts quant à eux sont bien présents mais ne méritent pas que l'on s'y attarde. N'est-ce pas Corey Stoll ?