Gestation difficile, portes claquées, mise en accusation du système Marvel, Ant-Man, avant même sa sortie, concentrait tout ce qui n'allait pas derrière les volets clos de la Maison des Idées.
Dans ce film, si Marvel semble en réduire les enjeux à la taille de son nouveau super-héros, il n'en change pas pour autant la formule de son succès. Ne cherchez donc pas d'originalité quelconque en vous installant devant cet Ant-Man, mais plutôt l'application consciencieuse de méthodes éprouvées. Cette routine pourra en gêner certains. Mais cela ne fait pas pour autant de cette oeuvre un mauvais film.
Celui-ci emprunte les sentiers classiques de la naissance du héros et de la prise de conscience de l'importance des pouvoirs qu'il a entre les mains. Cependant, ici, loin de la volonté de sauver le monde pour la énième fois, l'intrigue se focalise avant tout sur un maître mot : la famille, et ses traumas. D'abord celle de Scott Lang, partie en morceaux, et qui ne peut voir sa fille sans l'assentiment de son ex-compagne. C'est aussi celle d'Hank Pym, qui a perdu son épouse et qui est empêtré dans des relations houleuses avec sa fille. Les mobiles des deux Ant-Man sont donc définis par la volonté de sauvegarder le peu qu'il leur reste, sur fond de film de "braquage".
Le vilain de l'histoire, quant à lui, surgit des relations entre maître et élève, entre fascination et volonté de surpasser, de détruire. Les grincheux verront à nouveau dans ces éléments mille fois vus la manifestation d'un genre super-héroïque qui s'essouffle, des scénarios impersonnels. Pourtant, force est d'avouer que le spectacle à l'écran s'avère solide et très plaisant. Ma crainte de voir l'humour parasiter l'action s'est vite dissipée, à chaque fois que Michael Peňa disparaissait du champ de vision.
Mais l'attraction principale du film, c'est le changement de perspective induit par les passages du macroverse au microverse, toujours bien gérés, jamais inutiles, souvent spectaculaires et bien pensés. Particulièrement pendant les séquences d'action, ces changements d'échelle tendent à relativiser le spectaculaire, que celui-ci naisse d'un raz de marée dans une baignoire, ou d'un combat à coups de wagons dans la tête qui, comme par un pas de recul du réalisateur, rappelle qu'il se déroule dans une chambre d'enfant et que le train n'est qu'un vulgaire jouet.
L'intéraction avec les fourmis, quant à elle, rappelle les toutes premières apparitions du héros de papier, faisant que la transposition de l'univers d'Ant-Man s'avère respectueuse, d'autant que son histoire enrichit sans heurts le Marvel Cinematic Universe par le biais de Stark Industries et des entités évoluant autour du projet Yellow Jacket. Ce souci de qualité de la transposition du comics se retrouve dans le design : ainsi, le costume d'Ant-Man est presque repris tel quel, agrémenté d'un cachet légèrement rétro assez séduisant. La militarisation de Yellow Jacket permet d'incarner le danger tout en évitant le piège de la reprise un peu ridicule de la livrée originelle. Seuls les aspects "sombres" de la personnalité d'un Pym adoptant les traits de Michael Douglas ont été quelque peu édulcorés.
Ant-Man se révèle ainsi le prototype même du blockbuster estival : simple, classique, solide, prenant et peut être un peu impersonnel dans sa réalisation. Le film offre cependant au spectateur ce qu'il est venu chercher : du divertissement et du spectaculaire, un mini héros pour un maxi plaisir.
Behind_the_Mask, des fourmis dans les doigts.