Fut un temps où Ant-Man apparaissait comme le projet le plus excitant du moment. Pensez donc : Edgar Wright à la réalisation, secondé dans l’écriture par son acolyte Joe Cornish (Attack the block). Le choix était tellement logique qu’il paraissait beaucoup trop beau pour être vrai. Et alors que les premières images tournées par Edgar Wright laissaient augurer un divertissement de haute volée, une question était sur toutes les lèvres : Ant-Man allait-il inaugurer une nouvelle ère, celle où Marvel permettrait enfin à des cinéastes aux univers singuliers d’apposer leurs griffes dans leur univers super-héroïque ? Certes, le coté shakespearien de Thor, le charme vintage de Captain America et l’iconoclasme d’Iron Man 3 semblaient abonder dans ce sens mais ces quelques tentatives restaient beaucoup trop timide dans les faits. Edgar Wright chez Marvel c’était l’assurance que le studio nourrissait suffisamment d’ambition et de respect vis à vis de son public pour leur offrir un nouveau type de blockbuster : fun, intelligent et surtout éminemment ludique. Il suffisait de voir comment le cinéaste s’était réapproprié la comédie horrifique (Shaun of the Dead), le buddy movie (Hot Fuzz) ou encore le film de S.F. (Le Dernier Pub avant la fin du monde) pour avoir la certitude qu’il allait révolutionner le film de super-héros. Oui : l’espace d’un instant, Marvel aurait pu être l’instigateur d’une révolution, enfin il aurait pu renouveler un genre qu’il a initié et, paradoxalement, sclérosé de l’intérieur. Aurait, car le 23 mai 2014 à quelques jours du tournage, Edgar Wright quitte le projet pour différents artistiques. Comprendre par-là que Marvel à retouché le scénario derrière son dos, la concession de trop pour Wright qui ne se reconnait plus dans le projet. Dès lors, un sentiment de deuil frappe de plein fouet fans et cinéphiles tandis que Marvel s’enfonce de plus en plus via des productions tour à tour ineptes (Thor 2) ou mécanique (Captain America, le soldat de l’hiver) avant de toucher le fond avec Avengers 2, long gloubibougla numérique ne servant au final qu’à vendre un maximum de produits dérivés. Ultra mécaniques et dépouillées de toutes implications émotionnelles, les productions Marvel s’étaient muées, sous le haut patronat de Disney, en pubs XXL aussi digestes qu’un McDo. L’arrivée du fadasse Peyton Reed (Yes Man… tout est dit) aux commandes d’Ant-Man, c’était la garantie pour Marvel de rester dans cette veine corporatiste et de garder un contrôle absolu sur son produit. Les bandes annonces égrainées ici et là avaient beau promettre un divertissement décomplexé à la Gardiens de la Galaxie, le résultat s’annonçait respectable mais peu brillant au regard de ce que Wright aurait pu nous pondre (Lire la suite)