Ant-man est un petit film, au cahier des charges bien rempli. Une production Marvel supplémentaire, réalisée proprement, sans aspérités, et donc sans âme.
Je serais honnête avec lui en reconnaissant que je l’ai vu dans de mauvaises conditions. Les trois premiers quart d’heure ont été vus dans un avion et la suite bien plus tard, avec des sous-titres traduits avec un logiciel automatique.
Je n’aurais même pas pris la peine d’écrire quelques lignes sur ce film s’il n’y avait pas eu cet éclair de génie qui m’a enthousiasmé au plus haut point. Je parle de l'affrontement final entre Ant-Man et Yellowjacket, sur le train Thomas, héros de la série britannique Thomas et ses amis
Vous pouvez revoir cette scène ici.
Le réalisateur fait là un “pas de côté”, si cher à Gébé dans son An 01. Un éclair de lucidité que j’aime à penser être l’oeuvre d’Edgar Wright. Une petite scène pour de grande idées...
Pourquoi cet enthousiasme ? Pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, parce que ce simple pas de côté nous montre ce qu’est le cinéma. Le 7e art peut nous transformer un petit train d’enfant en une scène d’action incroyable. Le tout petit est magnifié dans le grand écran. Le banal peut être le terrain de jeu d’une grande aventure. Un peu à la manière de la scène du train dans Toy story 3.
Avec ce plan d’ensemble, le cinéma montre aussi qu’il est une question de point de vue. Au plus près, nous vivons une scène d’action super-héroïque. De loin, on ne voit qu’un jouet tomber. Selon où se situe la caméra, une scène prend une toute autre signification. L’art du réalisateur consiste à savoir où mettre sa caméra.
L’autre point mis en exergue est la place de l’imaginaire. Le choix d’une chambre d’enfant comme lieu d’action n’est sûrement pas innocent. Ce train qui déraille agit à la manière de ces théâtres de puces, ancêtre du cinéma où les spectateurs voyaient, ou imaginaient, les acrobaties de puces savantes. Cette fois-ci, le cinéma se met au niveau des puces, ou en l'occurrence, des fourmis.
Un dernier point relève du cynisme ou de la lucidité, au choix. La place des jouets dans la filmographie Marvel est prépondérante, via ses innombrables produits dérivés. Cette scène d’action replace ce marketing dans ce sanctuaire de l’imagination, coeur de cible favori des marchands de jouets. Aucune pub n’est nécessaire, l’enfant voit déjà ce que pourra donner une aventure avec ses nouveaux jouets officiels Ant-man. D’un autre côté, ceci peut être pris comme un hommage à ce lieu où de si grandes histoires naissent grâce à l’imaginaire des enfants. Sur ce point, je ne saurai trancher entre les deux hypothèses.
Une chose est sure, ces super-héros restent avant de gros jouets pour des grands enfants, que ce soit dans une chambre ou sur grand écran.