Pari risqué pour cette fin de Phase 2 du MCU - on termine avec un nouveau héros, secondaire de surcroit, pas de final apocalyptique, pas d'enjeux majeurs. Choix étonnant, surtout quand on sait que Marvel a de nombreuses autres options qui auraient pu clôturer ce chapitre du MCU (Thor 3, Deadpool ou Captain Marvel, prévus pour la Phase 3; Daredevil, envoyé à la télé; Black Widow qui semble condamnée à jouer les seconds couteaux pour ses différents love-interests; un nouveau Hulk, après tout pourquoi pas; ou les populaires Nova, Hawkeye ou Spider-Woman). Mais l'avantage des films de super-héros aujourd'hui, c'est qu'ils se vendent tous seuls. On n'a pas besoin d'un personnage central et super connu pour attirer les foules. Il suffit d'ajouter un autocollant Marvel (ou DC) sur l'affiche du film, et le succès est presque assuré. Autant donc lancer des productions autour de personnages ou groupes peu connus (comme les Guardians Of The Galaxy par exemple) dans l'espoir de booster les ventes des comics... DC a probablement eu la même idée en tête en décidant de produire Suicide Squad.
Second risque, le choix de Paul Rudd, plus connu pour ses rôles dans des comédies et difficile à imaginer en super-héros. Mais Marvel a depuis les débuts de son MCU fait le pari d'acteurs principaux verdsatiles pour incarner ses héros. RDJ et Chris Pratt offrent de saisissants contrastes au taciturne Christian Bale et au monolithique Henry Cavill des films DC.
(SPOILER)
Le reste, par contre, suit au pied de la lettre la recette Marvel. On s'assure que les moments intenses sont contrebalancés par de l'humour et des passages légers. Les méchants sont très rapidement identifiables : le vil scientifique qui a pris le contrôle d'une technologie qui n'est pas la sienne afin d'assouvir sa soif d'argent, le nouveau fiancé de l'ex-femme du héros qui se délecte des difficultés rencontrées par le pauvre Scott... On fait des références aux autres productions Marvel, comme SHIELD, Falcon, ou l'agent Carter. Le héros, privé de sa famille, en trouve une nouvelle, qui l'aide et l'accompagne sur la route qui est la sienne. Etc.
Le résultat final est donc légèrement décevant, pas tant par la qualité du film en lui-même, qui reste agréable et ferme bien mieux la Phase 2 qu'Age Of Ultron aurait pu le faire, mais parce qu'à héros atypique, film atypique - du moins en théorie. Alors qu'en fin de compte, on n'a le droit qu'à un énième film Marvel bardé des mêmes faiblesses que presque tous les autres : il est prévisible, simpliste, et néglige complètement les 49.6% de femmes que compte la population mondiale. Mais la mise en scène, les effets spéciaux, et le casting (en tête duquel Paul Rudd) ne déçoivent pas, et le film est, au final, un divertissement ni meilleur ni pire qu'un autre.