Je suis allé voir un Marvel.
Encore.
C'est que je dois être maso, vu que tout le monde dit qu'il a abandonné l'affaire, même si l'on continue de poster des billets racontant la même litanie.
C'est que je dois être idiot, aussi, vu que Scorsese, qui ne peut avoir que bon goût, affirme que ce n'est pas du cinéma. Et que ce onzième commandement est asséné par les vrais, les purs et ceux à qui on ne la fait pas, à destination du vil peuple que l'on se fait un devoir de ré-éduquer.
Je suis donc allé voir Ant-Man et la Guêpe : Quantumania.
Et je me suis dit qu'après avoir revisité le film de casse, puis le film d'aventure avec les deux épisodes précédents, il était presque un peu surprenant que Marvel essaie de convertir le monde quantique à un feeling Star Wars, qui s'avère plaisant pendant les deux heures assez trépidantes que dure la projection.
Et je me suis dit que le film pouvait confirmer l'affection particulière du masqué pour cette branche du Marvel Cinematic Universe, pouvant être presque totalement mis à part de la grande fresque tissée par Kevin Feige.
Cela s'est passé pendant les trois quarts de la projection.
L'idée de revoir Kang autrement que sapé comme un pimp pouvait par ailleurs constituer une bonne séance de rattrapage, les débuts du personnage dans Loki étant pour le moins... Particuliers. Pour ne pas dire autre chose.
C'était réussi car il ressemble plus au Conquérant des comics. Et aussi parce qu'il lance, en quelques lignes de dialogue, des possibilités de nouveau souffle à un univers qui, il faut l'avouer, commence à sérieusement patiner malgré quelques coups d'éclats comme Multiverse of Madness.
La note finale allait être généreuse sur le site, comme d'hab quoi.
Sauf que l'on se demande où Kevin Feige veut en venir.
Car développer Kang, soi-disant le méchant devant prendre la relève de Thanos, via l'univers de Ant-Man apparaît comme un enjeu trop lourd à porter pour le film, qui en vient à mettre à mal involontairement les limites de la formule Marvel sur certains aspects.
On aurait pu anticiper ainsi un film noir, voire dramatique, vu que Kang va nécessairement revenir. Sauf que ce nouvel épouvantail décrit comme surpuissant, après s'être vanté d'avoir envoyer ad patres Thor... Se fait mettre la misère...
Il était pourtant prévenu qu'il fallait faire attention au petit.
Comment voulez-vous dès lors avoir peur pour les Avengers quand le prochain méchant d'envergure qu'ils affronteront se fait foutre une tannée par un membre de second ordre ? Ou encore prendre la menace au sérieux ?
Le happy end apparaîtra dès lors au moins hors-sujet, tandis que l'introduction d'un personnage comme M.O.D.O.K. atteint quant à lui les limites du fan service, vu qu'il n'a littéralement rien à faire ici et suscitera les éclats de rire des plus moqueurs d'entre vous.
En tant que loner, Quantumania a tout du film qui se laisse suivre sans déplaisir, mais une fois ramené sous l'angle plus large du Marvel Cinematic Universe, il apparaîtra dérisoire et constituera une nouvelle occasion manquée de dépeindre à l'image l'un des méchants les plus emblématiques des Avengers.
Et je ne vous parlerai pas de la scène post-générique, qui révèle une facilité déjà rincée en forme de piège des possibilités (et paresses d'écriture) offertes par le Multivers.
Elle aura cependant le mérite de préciser le propos de l'abominable final de She-Hulk : Avocate : loin du méta, du clin d'oeil complice ou encore du cynisme, il s'agissait tout simplement d'un constat assez triste : celui d'une incapacité à succéder à la saga des pierres d'infinité.
Behind_the_Mask, alias Skippy le Kang-ourou.