Bien qu'il ne soit pas réalisateur, l'ombre de Jordan Peele plane derrière ce nouveau film de genre moderne où l'homme est un loup pour l'homme. A la manière de Get Out ou Us, Antebellum dénonce avec force le racisme aux Etats-Unis en jouant sur la temporalité, prenant tantôt pour cadre les plantations de coton en Louisiane à l'ère de la colonisation, tantôt notre présent où une auteure à succès tient tête à la suprématie blanche. Inutile de dire à quel point les propos du film résonnent avec les récentes bavures policières qui ont sévi outre-atlantique ainsi qu'avec le mouvement Black Lives Matter qui en découle. En cela, même si cette première réalisation à deux cerveaux (Gerard Bush et Christopher Rentz) se veut parfois trop explicite, elle n'en est pas moins pertinente et réussie. Déjà, afin d'éviter toutes déceptions, il ne faut pas s'attendre à de l'horreur mais plutôt à un thriller psychologique mettant nos nerfs et notre tolérance à rude épreuve. Ensuite, l'originalité d'Antebellum réside dans son twist donc je me contenterai de souligner un vrai souci du détail dans le scénario, un peu trop prononcé par moment, mais qui a le mérite de tenir en haleine. Pour ma part, ce côté démonstratif soutenu par mes références cinématographiques et télévisuelles m'ont permis de comprendre très vite les rouages du récit. Le dénouement fût donc on ne peut plus prévisible. Mais fort heureusement, le film déploie de nombreux atouts avant d'en arriver là ! La mise en scène est très soignée, avec des plans forts et marquants accompagnés d'une bande sonore immersive. J'ai particulièrement adoré le plan-séquence d'ouverture, qui plante le décor de façon magistrale ! La lumière chaude, jouant sur les clair-obscur, est magnifique. Mais surtout, Janelle Monàe est sublime et se démène dans ce rôle engagé et politique. Les émotions sont à fleur de peau, et notre empathie en prend un coup, notamment quand Jena Malone et Jack Huston rentrent en scène, via des rôles démoniaques et infâmes. Les frissons ne sont pas forcément ceux qu'on attendait, mais force est de constater que le message est efficace et que la thématique est traitée avec beaucoup d'ingéniosité. On se sent, nous aussi, pris au piège au coeur de paysages ensoleillés, à l'instar du personnage principal. Mais l'ensemble reste néanmoins trop facile à cerner.

alsacienparisien
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le 21 sept. 2020

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