Découverte sur le tard de cette charmante tragi-comédie française, qui ne réinvente pas l'eau chaude mais bénéficie d'atouts indéniables. Inutile à cette heure de revenir sur le premier et le plus évident, à savoir une Laure Calamy éblouissante de naturel quel que soit le registre adopté (le très bon A plein temps d'Eric Gravel est à cet égard chaudement recommandé pour apprécier ses talents strictement dramatiques).
Antoinette a ensuite la judicieuse idée de se reposer sur un concept narratif éculé mais solide, où l'aventure avec un grand A est indissociable d'un itinéraire intérieur. Marqué par des rencontres et obstacles qui l'ancrent dans les genres souvent jumeaux du road-movie et du western, ce voyage introspectif leur emprunte une grammaire visuelle extrêmement soignée et évocatrice.
L'on se surprend ainsi à éprouver une sensation de grandeur épique devant des plans larges admirablement composés, où Antoinette et son âne Patrick se perdent dans d'immenses étendues verdoyantes. D'abord saugrenus en regard du statut de comédie française du métrage, qui aurait pu se contenter de platement profiter du paysage local, ils témoignent d'un vrai sens du lieu et de l'espace.
Enfin, si la trajectoire de découverte de soi n'est pas nouvelle et au fond assez prévisible, elle bénéficie d'une écriture comique efficace et attachante, un soin tout particulier étant accordé à la relation avec l'âne en question. Cette dernière repose sur une série de gags concis et limpides et fait preuve d'une étonnante pudeur, ne lésinant pas sur les moments de creux et les silences signifiants.
La série de quiproquos attenante aux personnages humains du film est d'ailleurs plus conventionnelle, mais ne saurait ternir ces improbables qualités qui imposent le film de Caroline Vignal comme un grand bol d'air frais à consommer sans modération.