Moi, le heavy metal, j'y connais que dalle. Qu'il soit dark, death, black, thrash, doom, glam, groove, speed, extreme, power, c'est pareil. Il pourrait même être Disney et glossy que je verrais pas la différence. Rien de péjoratif là-dedans ou d'élitiste, le problème vient tout simplement de moi, je suis une merdouille niveau musique, incapable de comprendre les subtilités du média. Je me contente simplement de kiffer la vibe et de lire le nom de ceux et celles m'ayant fait guincher avec moult mouvement frénétique du pelvis et de les remercier chaudement.
Tout ça pour dire que Anvil, je ne connaissais pas, comme une bonne partie des non-initiés si je m'en tiens au documentaire réalisé en 2008 par Sacha Gervasi, un fan de la première heure qui signera plus tard le soporifique Hitchcock. Un groupe canadien fondé en 1978 par Steve Kudlow et Robb Reiner (rien à voir avec le réalisateur de... Spinal Tap), qui signera quelques albums, gagnera le respect de pointures du genre, frôlera du doigt la gloire un court instant, avant de disparaître des radars.
Suivant les deux membres fondateurs du groupe dans leur vie de tous les jours et surtout, dans leur quête d'un succès qui tarde à venir, Anvil ! s'apparente à une version réaliste des délires goguenards et forcément caricaturaux du mythique This is Spinal Tap. Avec un respect immense pour son sujet, Gervasi nous montre l'envers du décor, le quotidien rempli de galères de ceux que l'on a laissé moisir devant l'entrée, ceux qui hypothèquent leur baraque pour produire un album, qui attendent sagement leur période de RTT pour partir en tournée, qui se retrouvent à jouer devant cinq pécores et qui ne tiennent le coup que grâce à leur passion et aux soutiens de leurs proches.
Assister aux déboires d'Anvil fait mal au coeur, tant ces mecs donnent tout ce qu'ils ont pour pas grand chose, tant ils multiplient les galères et les plans foireux, se demandant encore combien de temps leurs compagnes supporteront tout ce bazar. Mais il émane aussi de tout cela quelque chose de beau, de rafraîchissant, d'enthousiasmant à voir ces grands gamins continuer à rêver, à croire en leur musique, à ne pas lâcher l'affaire malgré les déboires et les embûches.
Parfaitement rythmé et musicalement au top, Anvil ! est un rockumentaire aussi touchant que bourré d'amertume, un regard jamais cynique sur un groupe talentueux mais n'ayant jamais réussi à franchir les portes d'une industrie tentaculaire et inaccessible, où le profit importe davantage que les tripes.