En 1982, Metal On Metal résonne dans un stade japonnais. Le groupe qui l'interprète, Anvil, partage alors la scène avec Bon Jovi et Scorpions. Les trois groupes sont "on the edge of glory" Comme disent nos amis ricains et les témoignages élogieux de (excusez du peu) Lemmy de Motorhead, Lars Ulrich de Metallica ou encore Slash qui ne fait à l'époque plus partie des Guns N' Roses, ne font que renforcer ce sentiment. Pourtant, il suffit de regarder autour de soi pour constater que plus personne ne connaît Anvil. Et pour cause. En 2010, Robb Reiner et Steve Ludlow, respectivement batteur et chanteur/guitariste du groupe, enchaînent les petits boulots en espérant toujours, 30 ans après, connaître la gloire et le succès. Car les deux bougres canadiens se sont promis à leur 14 ans de toujours faire de la musique ensemble. Si le line-up a bien changé depuis, les deux membres fondateurs sont toujours avec leur pugnacité et leur optimisme. Seulement voilà, personne ne veut d'Anvil. S'ils essaient tant bien que mal de jouer dans des bars ou de faire une tournée (qui tourne inexorablement à la catastrophe) en Europe, ils ne parviennent même pas un label pour financer l'enregistrement de son treizième album. Et si la lumière venait d'ailleurs ?
La force de frappe de ce documentaire, c'est de nous montrer des gens simples, sans fioriture, qui tenter simplement de s'en sortir. Animés par leur passion, ils n'arrivent pourtant pas à voir la cruelle vérité : ils ont raté le coche et n'auront jamais la carrière qu'ils espèrent. Pourtant, leur ténacité, leur optimisme est touchant et le film ne les prend jamais de haut. Plus que dans les autres documentaires du genre, on voit véritablement qui sont les gens au sein de ce groupe, des gens sensibles qui se laissent parfois dévorer par leur désir de gloire, pourtant inaccessible. Un peu à la manière d'un Some Kind Of Monster, les musiciens semblent parfois oublier les caméras et se mettent à nu dans des situations qui ne les mettent pas en valeur. Parfois, les musiciens se rendent compte de la réalité, mais veulent tout de même y échapper : "Parfois, quand je joue dans un bar devant 5 personnes, je ferme les yeux et j'imagine que je suis devant un stade rempli", nous dis Steven Ludlow. Comment ne pas ressentir de l'empathie pour eux ? C'est sur ces points là que le documentaire vise parfaitement juste.