Romain Quirot est un réalisateur ambitieux. Ça, on ne lui enlèvera pas. Après Le Dernier Voyage (science-fiction), il revient en 2023 avec Apaches qui nous plonge dans l’effervescence parisienne du début du XXe, aux côtés d’un groupe sans foi ni loi qui cherche à faire son trou dans la capitale alors en pleine mutation industrielle.
Le pari est audacieux et promet de nous dévoiler une histoire sanglante dans un Paris aussi noir que changeant. Si le casting peut étonner, il n’en reste pas moins que le film semble avoir trouvé un bon filon à exploiter…
Seulement voilà, perdu quelque part entre Peaky Blinders et Eiffel, mais sans Cillian Murphy et sans les effets spéciaux de la dame de fer, Apaches se révèle laborieux, du début à la fin.
On retrouve donc Alice Isaaz, sortant de prison après 15 ans d’enfermement, qui cherche inlassablement les Apaches dans le but de se venger du meurtre de son grand frère dont elle a été accusée à tort. Auprès d’eux, et dans un Paris qui resserre petit à petit son étreinte sur la pègre, elle décide de rejoindre le gang de Belleville dans l’espoir de pouvoir accomplir sa vengeance.
Au final ? Le résultat se retrouve bien loin de la promesse initiale avec un acting à la performance aléatoire, un scénario sans queue ni tête et des effets spéciaux qui tâchent la rétine.
D’abord parce que le film ne semble jamais choisir son camp, passant successivement de la molle comédie au film d’époque sous-financé, du western français au film de gangster flingué.
Sans jamais pleinement restituer le grandiose de la belle époque et/ou le charbon de l’industrie nouvelle, Apaches se montre limité et limitant dans tout ce qu’il touche, se contentant même d’approximations historiques importantes directement sur son thème : les Apaches.
Servi par des effets spéciaux franchement oubliables, le film cantonne notre troupe à des semis huis-clos où l’on a tout le loisir de saisir la superficialité des personnages. Dans la vie comme dans la mort, chacun d’entre eux patine et finit par déraper sur leurs propres manquements d’écriture.
Cerise sur le gâteau, le film ne raconte rien. Il évoque, tout au plus, certaines questions légitimes de l’époque (la ruée vers l’or et le nouveau monde, l’austérité nouvelle qui suit la belle époque, etc.) sans jamais leur accorder plus d’une ligne de dialogue. En prime, cette scène où Ours (Artus) questionne le chef des Apaches (Niels Schneider) sur le sens même de leur existence, et qui se termine finalement par une esquive magistrale du sujet au profit d’une blague bien lourde où l’on apprends que tout le monde s’est tapée sa copine. Merci, au revoir.
La palme de l’incohérence revient toutefois à la BO qui reste constamment hors sol, à l’écart du propos, et qui désamorce les maigres enjeux du scénario. On écoute donc pendant une heure trente de délicieux morceaux de rock anglophone en pleine révolution industrielle parisienne. Top.
On saluera quand même l’ambition originale de faire un film de gangsters sur le Paris de l’époque, tout en regrettant amèrement son manque de moyens et ses lacunes d’écriture qui flinguent le film dès son début.
Et aussi, quelques plans qui sortent de l’ordinaire et qui apportent leurs lots d’originalité tout en rehaussant quelque peu les personnages.
Pour le reste, c’est laborieux et maladroit.