C’était la promesse de super-héros à la française, d’une relecture moderne d’un des plus grands chefs d’œuvres de notre littérature, et d’une dilogie ambitieuse au casting rutilant. Avec 70 millions d’euros (répartis sur 2 films), Pathé amorce sa nouvelle politique de blockbusters qu’il place entre les mains de Martin Bourboulon, qui a prouvé avec Eiffel (2021) qu’il était capable de réaliser des films d’époque, bien qu’un peu neutre.
Alors que vaut ce premier volet de l’œuvre de Dumas ? À l’image d’Eiffel : bien, mais sans plus.
L’adaptation se révèle inégale et oscille entre réussites et facilités. On regrettera longtemps la décision de ramener la trilogie initialement prévue à une simple dilogie tant l’arrivée de D’Artagnan à Paris et sa rencontre avec les mousquetaires est bâclée. D’inconnu à homme à abattre, il finit finalement par se lier d’amitié avec ses futurs compères en l’espace de deux scènes, et on peine à croire réellement à cette relation nouvelle, simplement construite sur une bataille inattendue. La notion des distances se révèle tout autant hasardeuse avec un voyage en Angleterre où la chronologie se plie au récit sans grande cohérence et qui se conclut par une scène un peu lunaire, parfait écho des premières péripéties de D’Artagnan où la notion de vie et de mort manque cruellement de véracité.
Côté réalisation, on retrouve cette oscillation constante avec des scènes d’actions nerveuses, pourvues en plan séquence, et plutôt réussies dans l’ensemble. Certaines parties pâtissent tout de même d’un manque de lisibilité qui brise parfois le rythme. Comme avec Eiffel, on regrette un manque d’ambition sur les plans larges et ce sera difficile de se spatialiser correctement durant tout le film à l’exception des scènes au Louvre. Mais la encore, on aurait aimé en voir un peu plus, surtout au vu du budget. Finalement, la caméra est à l’image de la BO du film (composée par Guillaume Roussel) qui s’inspire largement des Batman de Nolan sans jamais réussir à rehausser le propos. Plutôt insipide dans l’ensemble.
La réussite du film se tient plutôt du côté du casting (point pourtant très clivant à la sortie des premières bandes-annonces) avec plusieurs prestations convaincantes. Romain Duris en cowboy/pirate, Pio Marmaï en habituel bon vivant et Louis Garrel en Roi malgré lui incarnent une vraie galerie de personnages authentiques. C’est un peu plus dur pour François Civil qui traîne un accent comique durant tout le film même si sa prestation finale reste cohérente. Reste Vincent Cassel dont les répliques sonnent souvent faux, et Eva Green qui nous ressort son rôle habituel depuis 20 ans (bien, mais sans plus, encore).
En bref, le film pâtit de son amorce trop courte, mais reste plaisant à regarder. Les deux heures passent vite et les différents twists de l’histoire fonctionnent tous. On repère facilement les marqueurs du blockbuster - malgré le manque d’ambition côté caméra - et la promesse initiale de Pathé est plus ou moins tenue.
Cette première partie donne envie de voir la suite - prévue pour décembre - et c’est bien le principal. En espérant que ce deuxième volet se montrera plus convaincant dans ses décors, sa musique, et sa réalisation ! En attendant, Les Trois Mousquetaires respecte son spectateur de bout en bout et nous offre un quatuor de mousquetaires réussi.