L'Apocalypse selon Saint Francis
D'abord un petit mot sur la version "Redux" : j'ignorais qu'il existait deux versions du film, j'ai juste pris le premier DVD dispo à la médiathèque. Je me suis donc renseigné après avoir vu le film, et c'est assez flagrant comment les 49 minutes supplémentaires correspondent aux scènes que j'ai trouvé les plus faibles, bancales ou superflues : la colonie française, deux heures avec les bunnies, l'anecdote Playboy... Attention, je n'ai pas dit nulles ou totalement sans intérêts, les 3H15 de film sont passées toutes seules et j'aurais même pris du rab ! mais voilà, j'imagine que la version originale est plus dense, plus intense.
Ceci étant dit, le film. Apocalypse Now était dans mon collimateur depuis longtemps, mais je repoussais sans cesse : parce que c'est un film de guerre - pas du tout mon genre favori, parce que je redoutais un bête étalage de scènes "choc" pour montrer l'horreur et l'absurdité de la guerre, et enfin parce que selon mes préjugés un film qui fait autant l'unanimité doit quand même être vachement consensuel et "classique", alors que je cherche surtout la singularité.
Trois heures et quelques plus tard, émerveillé, à genoux, tous ces arguments sont balayés par la puissance de l’œuvre. Apocalypse Now n'est pas (juste) un film de guerre, c'est une expérience au-delà du genre, une perfection formelle de chaque instant, une quête philosophique aussi sombre et tortueuse que le fleuve qu'on remonte, un trip mystique aux confins de la folie.
Apocalypse Now c'est exactement ce que je recherche dans le cinéma, un monument. Aussi intemporel qu'indispensable.