Deux ans après une discutable Passion du Christ, Mel Gibson opte pour une aventure historico-dramatique dans l'empire maya juste avant l'arrivée des conquistadores, et signe un film dense, implacable et violent où l'on reconnait son goût pour la souffrance et le sang. Il prend garde cependant de ne pas trop insister et montrer en gros plan les sacrifices humains pratiqués par les prêtres mayas. Il serait toutefois vain de réduire ce film à un survival ethnique dans la jungle mexicaine, même si la dernière partie se termine par une chasse à l'homme haletante. Tourné intégralement dans un dialecte maya, le yucatèque, avec des comédiens non professionnels pour donner plus d'authenticité au propos, on sent que Mel a nettement envie de secouer le public ; ses comédiens sont bien choisis, avec des gueules saisissantes (notamment le chef de l'expédition qui capture le héros dans son village).
Le film ne fait pourtant qu'effleurer cette riche civilisation maya qui vit ses derniers instants, je crois que ce n'était pas le but de Mel Gibson de faire un cours d'Histoire tel qu'aurait pu le faire Ridley Scott par exemple, et un peu comme il l'avait fait dans 1492, c'est simplement une aventure humaine captivante dans un contexte donné, soutenue par une BO hypnotique de James Horner. En tant que passionné des civilisations précolombiennes, je suis donc un peu déçu de cette vision d'une riche cité maya, j'aurais aimé en voir plus et apprécier surtout de beaux décors de pyramides réalisés en CGI, car ce que l'on voit dans cette cité contient des décors vraiment peu élaborés. Mais je me console en appréciant le côté spectaculaire de l'aventure et son intensité, d'autant plus que c'est un environnement peu abordé à l'écran. Le réalisateur fait en tout cas un véritable pied de nez à Hollywood qui croit que le public américain est allergique aux sous-titres ; Kevin Costner avait ouvert la voie avec Danse avec les loups tourné dans un dialogue à 70% Sioux, ici Mel enfonce le clou...