C'est un peu par hasard que Lea Glob, étudiante danoise, découvre à l'occasion d'un film de fin d'études Apolina Skol, jeune peintre Bohème habitante d'un théatre parisien (le Lavoir Moderne appartenant à ses parents),ouvert à tous les horizons artistiques et politiques.
Elle commence à la filmer dans son quotidien, d'artiste, de femme, une rupture amoureuse d'abord, puis en flashback à travers d'étonnantes images captées par ses parents, celles du jour de sa conception, sa naissance. Puis de nouveau en 2009 la rue (le quartier de la goutte d'or), le théâtre , l'école des beaux arts où elle vient d'être admise, les êtres qui peuplent la vie d'Apolonia : ses parents, Oksana son amie ukrainienne co-fondatrice du mouvement Femen.
De loin en loin, au fur et à mesure qu'elle entre dans la vie de la jeune peintre, Léa se filme également , s'invite petit à petit dans la vie des deux femmes mais toujours, discrètement en arrière plan.
Dans le même temps, nous voilà totalement happés, immergés dans ce documentaire qui n'en est pas vraiment un. Objet hybride mêlant le secret d'instants qui semblent insignifiants et pris au hasard, à un champ plus large, des thématiques plus globales, le féminisme, la liberté,.
"Apolonia, Aplonia" esquisse par petites touches les traits de caractères des personnages pour subtilement révéler l'intime, les convictions profondes de ces femmes complexes, attachantes.
Le tournage prévu pour quelques jours initialement, durera treize ans ! Treize années d'une vie de femme (s) terriblement attachantes, d'artiste (s) également, iconoclastes, féministes donc : aux beaux arts on dira à la jeune artiste, que sa personnalité est plus intéressante que son art.
Pourtant, dans l'œuvre d'Apolonia, rien n'est dissimulé elle se livre totalement dans ses tableaux comme dans les images du documentaire,: les corps, les visages ne sont jamais dissimulés, mais au contraire montrés dans leur réalité, leur sensualité, dans l'expression de leurs sentiments (les regards des personnages sont troublants). La jeune peintre est quelqu'un d'entier d'attachant qui à force de persévérance s'imposera an tant qu'artiste moderne majeure, invitée à la prestigieuse Villa Medicis "exposée" à Paris, Madrid, LA.
Et c'est à regret que l'on quitte un univers singulier, né d'une autre composition artistique sidérante également, celle de Lea Glob, qui a su faire de ce portrait un moment de cinéma tout à fait étonnant, au delà du documentaire apportant un soin particulier à l'équilibre du récit : "« J’aime la narration au cinéma. Beaucoup de films qui m’ont inspirés ont une narration magnifique. C’était donc un choix naturel, mais c’était incroyablement difficile de trouver le bon équilibre dans le film, de ne pas en faire trop, de ne pas être trop simpliste ou trop énigmatique."