Un western classique dans son scénario pour cette deuxième réalisation de l'acteur Ed Harris, mais maîtrisé de bout en bout ! J'ai tout de suite pensé aux BD de Mike Steve Blueberry avec les références à la réserve indienne de San Carlos ou la structure de l'intrigue (ressemblant plus particulièrement à L'homme à l'étoile d'argent, d'ailleurs). Et c'est une référence élogieuse : peu de westerns américains (et non italien, suivez mon regard) sont arrivés à l'excellence de la bd de Mœbius, tant dans le rythme et le suspense de la narration que dans la consistance des personnages.
Et en effet, Ed Harris a bien préparé son coup niveau distribution : fidèle à lui-même et droit dans ses bottes dans le rôle principal, il a la bonne idée d'avoir fait appel à Viggo Mortensen qui fait merveilles en second couteau. Le duo fonctionne parfaitement, dans une sorte de respect affectif tout en retenue qui paraît absolument crédible pour l'époque. Mais la vraie trouvaille a été Renée Zellweger, investie dans le film d'une personnalité unique, mélange subtil de faiblesse et de force à la Bess McNeill (Emily Watson dans Breaking the Waves). On peut d'ailleurs parler de film féministe puisqu'il replace la survie d'une femme décidée dans un environnement machiste au centre de l'intrigue. Cole (Ed Harris) a beau dire qu'elle ne fait que choisir le mâle dominant, elle tâche de survivre tout en refusant le carcan de l'amour exclusif tel qu'il était institué à l'époque.
Bref, enfin un western qui voit plus loin que le bout de son colt, qui questionne la liberté féminine, la camaraderie masculine et même la grâce présidentielle (!) tout en respectant les codes du genre.