Une vedette de music-hall, qui a eu une fille avec un condamné à mort fraîchement exécuté, envoie son enfant dans un couvent, non seulement pour sa scolarité, mais aussi pour l'éloigner de l'atmosphère viciée du monde du spectacle. Plusieurs années plus tard, notre protagoniste est devenue une has-been, fiancée à une véritable crevure, qui pense juste à la tromper et à lui soutirer une maximum de biftons. Quand celui-ci apprend que sa promise a une fille au couvent, il réussit à la convaincre de la faire revenir...
Rouben Mamoulian est un cinéaste bien oublié de nos jours. Et pourtant, il a été un grand innovateur sur le plan technique et sur le plan narratif. Et ceci dès Applause, qui est son tout premier film.
Les restrictions techniques des débuts du parlant avaient pour conséquence que les films de cette période étaient désespérément statiques, se contentant de filmer le plus platement possible des acteurs en train d'échanger leurs textes. Mais, heureusement, Mamoulian n'avait pas envie de se laisser ensevelir sous ces contraintes et limitations.
Les angles de prise de vue sont très variés, la caméra bouge souvent et avec fluidité, de nombreuses séquences sont filmées avec originalité (rien que celle d'introduction, qui filme une rue quasi-déserte et dans laquelle on entend le bruit d'une foule joyeuse se rapprochant de plus en plus, signifie que la platitude ne sera pas ce qui caractérisera la réalisation de ce film !).
Et quelques scènes ont été tournées dans de véritables extérieurs new-yorkais, y compris une dans une véritable station de métro. On peut d'ailleurs fortement regretter, concernant les tournages dans de véritables extérieurs urbains, que ceci n'ait pas servi d'encouragement à refaire la même chose dans le cinéma hollywoodien lors des deux décennies suivantes et qu'il ait fallu attendre la fin des années 40, avec des films comme Le Carrefour de la mort, La Cité sans voiles et Un Jour à New York, pour revoir cela.
Concernant l'histoire elle-même, ce mélodrame n'a pas un scénario qui défie les règles de la conventionnalité mais l'ensemble reste toujours d'une belle sobriété et bénéficie d'une très bonne interprétation, mentions spéciales aux deux comédiennes principales, Helen Morgan et Joan Peers.
Donc, aucune raison de ne pas visionner ce film parlant cuvée fin années 1920, bien en avance sur son époque, d'un intérêt historique et aussi d'un intérêt cinéphile évidents.