Peckinpah 10 : La tête à prix

Après le très célèbre et célébré "Pat Garrett et Billy the Kid", Peckinpah signe un nouveau road movie, cette fois-ci à l'époque contemporaine, le pitch qui tient sur un ticket de métro est quelque peu macabre : un homme est payé dix milles dollars pour rapporter la tête d'un homme. Oui : c'est tout. Et on suit cet homme, Benny, pendant quasi tout le film.
Pour le guider, il va emmener avec lui sa petite Elita qui fut l'amante du défunt quelques jours avant. Elle sera surtout sa conscience.
Car Benny veut toucher son fric, quitte à profaner une tombe : le reste, il s'en fout.
Mais pendant un temps, car sa conscience, il l'aime, même si il ne lui montre qu'en lui faisant l'amour, la sauver d'une tentative de viol - quoi que cette scène est ambiguë, on constate que c'est Elita qui va vers son "assaillant" - et lui faire des promesses de mariage.
Mais ils ne sont pas les seuls à vouloir avoir cette tête...

Le film tient surtout sur la performance d'un acteur : Warren Oates, déjà vu chez Peckinpah auparavant : visage marqué, intense, parfois volcanique, enragé en fait - il paraît que sa prestation serait une imitation du comportement du réalisateur (et lorsqu'on connaît les anecdotes de tournage de ses films, c'en est presque effrayant), accompagné toute fois très bien par Isela Vega dont les yeux fureteurs de spectateurs masculins ne peuvent s'empêcher de s'orienter vers son opulente poitrine.

La route qu'ils font est, comme toujours chez Peckinpah, jonché de cadavres et (évidemment) filmé au ralenti. Et perso, ça fait toujours son petit effet. Le rythme est bien tenu, j'ai regretté toute fois la longue scène où Benny et Elita parlent en pique-niquant. Les dialogues, ponctués de jurons surtout de la bouche de Benny et certains rebondissements sont d'un savoureux humour noir.
Alors bien sur, connaissant le nihilisme du réalisateur, la fin est prévisible mais quelle fin, surtout l'instant où le film s'arrête, sèchement, considérant qu'il n'y a absolument plus rien à montrer après.
Et en effet, quoi que macabre, j'ai été finalement assez content d'avoir traversé quelques trous paumés de Mexique avec Benny, Elita et la tête d'Alfredo. Un très bon Peckinpah.