Olivier Assayas devrait réaliser des blockbusters. Ses scènes d'action sont très réussies, amples mouvements de caméra, bonne immersion dans l'espace, montage efficace. Malheureusement, il veut aussi nous dire des choses.

Si l'on considère qu'Après mai possède une forte part autobiographique, on peut au moins reconnaître qu'Assayas ne cherche en rien à enjoliver son passé. Son film raconte l'histoire d'un petit bourgeois engagé dans les mouvements révolutionnaires post-68, se voyant peintre ou cinéaste - bref, artiste - et accessoirement amoureux. Les groupuscules contestataires sont montrés dans leur radicalité et leurs limites, dogmatiques et sectaires. On ne sait pas alors s'il faut les rejeter en bloc ou chercher à en savoir davantage, ou si l'on préfère se souvenir des (vraies) militantes des Invisibles par exemple.

Si l'on admet que le film rende compte avec justesse de ce qu'était le début des années 70, on se dit qu'on ne devait pas y rigoler tous les jours. D'ailleurs, dans Après mai, on ne rigole pas du tout, on ne rit même pas. Tout est sérieux, très sérieux, pesant comme le plomb. Même quand on est dans une fête à fumer du canabis, on ne rigole pas. Et puis on prononce des phrases définitives et sentencieuses, dignes de Dirty dancing, sur un ton monocorde digne des pires Truffaut.

Tout le monde joue mal. Au moins, c'est équilibré. Le film dure des heures, mais on ne s'ennuie pas vraiment. C'est un livre d'images qui se déroule sous nos yeux (celles d'Italie sont jolies), avec des personnages qui ne nous intéressent pas (mais alors, pas du tout). On croit dix fois que c'est la fin, mais ce n'est jamais la fin. Et puis, quand la fin arrive, on se dit que c'est la fin. Car la fin doit ouvrir l'espace et tracer l'avenir. On dirait du Lelouch. C'est pas de chance.
pierreAfeu
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le 12 déc. 2012

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pierreAfeu

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