Aquarius avait tout pour donner envie avec cette femme mûre décidant de se battre contre des promoteurs pour rester chez elle. C'était même la justification du film au-delà même de la personnalité de Clara, survivante d'un cancer assez jeune et donc encore avec cette envie de croquer dans la vie malgré les années au compteur. Pourquoi donc expliquer que le réalisateur s'est embarqué pendant plus de 2h20 sur un portrait de femme dense et pas toujours adroit? En effet, le fait de relier le combat de Clara contre les promoteurs de Récife à la maladie contre laquelle elle s'est battue ( et qui la place d'emblée comme une femme courage au delà de ses prises de position senties envers son entourage ) n'est pas approprié et est loin de convoquer l'adhésion totale du spectateur. C'est dommage car Filho nous fait quand même ressentir des émotions ( quand Clara se coltine avec le jeune promoteur local, quand elle se dispute avec sa fille sur le bien fondé de sa lutte par exemple). Sans la densité du film desservant sa justification, Aquarius n'aurait pas tergiversé et proposé des longueurs, des développements hasardeux nuisant à la cohérence globale. Cette économie de moyens aurait aussi permis de mettre plus la musique en valeur et de la juxtaposer plus avec des scènes clés (comme au début quand Clara passe à ses amis dans la voiture, Another one bites the dust de Queen; Après-coup, une belle façon de fêter sa victoire sur la maladie.). Une preuve supplémentaire que le réalisateur n'a pas utiliser ce merveilleux potentiel narratif pour faire rentrer son film dans une dimension d'appropriation tellement plus forte. De plus, Sonia Braga (grande actrice malgré tout) aurait pu aussi plus s'exprimer avec son personnage sur son combat du moment contre les promoteurs sans sans cesse être rattachée à son cancer. Ce chapitrage pesant (Les Cheveux de Clara, l'homme de Clara, le cancer de Clara) la cantonnant à renvoyer un niveau de lecture uniforme. Un autre gâchis. S'il faut voir Aquarius malgré tout, c'est pour sa belle esthétique (Filho a quand même ce mérite de bien mettre en scène) mais aussi pour sa direction d'acteurs car Sonia Braga s'efforce de mettre en valeur ses partenaires de jeu malgré l'aura dévorante de son personnage. Une prouesse vu le résultat final.