Avant de visionner « Arcadian », on se demande si on va assister à l’un des nombreux films tournés par Nicolas Cage depuis une bonne décennie pour payer ses impôts, sous-entendu des série B interchangeables à la qualité douteuse et destiné généralement à la VOD (comme récemment « Sympathy for the Devil »), à l’un de ses petits films d’auteur réussis (« Pig » par exemple) ou encore à l’un de ces objets bizarroïdes mais cultes dont il a le secret (du genre « Mandy »). Et l’acteur, qui est en train de revenir sur le devant de la scène depuis un an ou deux, nous réserve le très attendu thriller « Longlegs » et un film présenté à Cannes qui a fait bonne impression à la séance de minuit, « The Surfer ». Bref, avec Cage on ne sait jamais à quoi s’attendre et, avec celui-ci, c’est encore une surprise puisque ce long-métrage se situe un peu à l’intersection de toutes ces tendances. Ni navet de seconde zone, pas vraiment un film d’auteur non plus, même si les prémisses le laissaient présager, et pas non plus un film étrange voué à devenir incontournable pour certains, « Arcadian » est un hybride de tout ce que peut proposer l’acteur. Mais pas que.
En effet, « Arcadian » est également un film hybride en ce qui concerne les tonalités développées et les changements de direction opérées (entre intimisme et série B énervée ou encore entre émotion et suspense) et les genres investis (le fantastique, le drame familial ou encore l’horreur). Au final, c’est un objet intéressant et intrigant de prime abord qui ne va jamais là où on l’attend et c’est une qualité. Et il faut avouer que les créatures qui terrorisent les protagonistes sont sacrément étonnantes. Cela faisait bien longtemps qu’on n’avait pas vu un design de monstres aussi original et réussi. Conséquemment, ces bestioles font peur à plus d’une reprise, surtout que le réalisateur a l’intelligence de les dévoiler petit à petit. Leur façon de se mouvoir, leur manière d’attaquer et leur silhouette, tout participe à chambouler le spectateur et, à ce niveau, c’est plus que réussi même si on sent que les effets spéciaux pêchent un peu, la faute à un budget que l’on sent – et que l’on sait – très limité.
Et c’est aussi la limite de « Arcadian ». Cette pénurie de moyens affiche les frontières d’un film que l’on sent ambitieux mais inabouti. Ne versant jamais dans le Z ou le film de seconde zone, il se heurte cependant à une intrigue très mince et des rapports entre les personnages quelque peu limités. En outre, s’il est acceptable de ne pas savoir ce que sont ces créatures laissant notre imagination faire le travail, le manque de contextualisation du côté postapocalyptique est gênant. Les deux jeunes acteurs qui jouent les fils de Cage sont corrects tout comme l’acteur, peu présent mais dans un jeu minimaliste qui colle bien au film. On peut trouver aussi le tout un peu lent dans un tel contexte malgré des scènes d’attaques et d’affrontements assez anxiogènes. « Arcadian » est donc une œuvre inattendue et peu commune mais imparfaite dont les coins ont été beaucoup trop arrondis et qui manque de réelle maîtrise malgré bon nombre de qualités indéniables.
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