La société “Archive” propose à ses clients, une sorte de prolongement de la vie après la mort. En effet, 200 heures de dialogues et d’échanges entre vous et l’être cher décédé ont été enregistrées au préalable. Le client n’a plus qu’à, quand il le souhaite et quand la douleur et la solitude se font trop pressantes, interagir avec son conjoint(e), un parent, un(e) ami(e), un enfant disparu, etc. Archive est une sorte de chemin psychologique tracé pour pouvoir enfin faire son deuil. Nous sommes en 2038 au Japon, au milieu d’une forêt enneigée, c’est dans cet endroit reculé que nous faisons la connaissance de George Almore (Theo James). Dans ce qui s’apparente à une base militaire high-tech, George, un ingénieur et un génie de l’informatique travaille pour la société de robotique domestique ARM. Reclus tel un ermite, il essaye de maintenir un semblant d’entretien et de fonctionnalité dans ce qui semble être sa forteresse de solitude. La solitude, pas tout à fait, car George partage sa vie avec J1 et J2, deux prototypes de robots qu'il a lui-même fabriqués. Des flash-backs, nous présenteront Julia (Stacy Martin), la femme de George. Dès lors, le deuil s’invitera dans les coursives de la base, jusque dans les appartements de George, personnifié par une sorte d’écran noir nommé Archive. En Prométhée moderne, Georges est prêt à tout pour être à nouveau réuni avec sa femme ! Le mythe du créateur, du résurrecteur a toujours eu sa place dans l’univers de la science-fiction. Les démiurges Eldon Tyrell et Niander Wallace dans “Blade Runner” (1982) et “Blade Runner 2049” (2017), ou encore, les milliardaires de la toile, Nathan et Forrest dans le film “Ex-Machina” (2014) et la mini-série “Devs” (2020) de Alex Garland se posent eux aussi en Frankenstein moderne. La soif d’humanité de l’intelligence artificielle est une fois de plus au centre du récit. Après le visionnage d’une première partie du film plutôt formelle - difficile de se défaire de certains clichés - il semble légitime de penser que “Archive”, même si ses qualités visuelles et narratives sont indéniables, arrive un peu tard dans l’univers science-fictionnel. Mais pour autant, le long-métrage de Gavin Rothery reste des plus intéressants. Le film possède de nombreux atouts, à commencer par l’empathie avec le principal protagoniste et ses amis androïdes. Dans un huis clos que l’on croirait spatial - certains le trouveront peut-être trop bavard - rappelant parfois l’excellent “Moon” de Duncan Jones, Gavin Rothery délaie assez de mystère et de suspense pour susciter l'intérêt du spectateur. A l'intérieur d’un univers qui se veut à la fois cyberpunk, mais aussi vintage, qui se veut mécanique, mais aussi organique - on y voit “Ghost in The Shell” et on y entend des vinyles, on y voit des néons colorés, mais on y croise des arbres et de la neige, “Archive”, loin des standards de SF épileptiques et nerveux, est un récit de rédemption plutôt que de science-fiction se clôturant sur un surprenant et émouvant twist final !