Pour interpreter le héros du roman de Vicente Blasco Ibanez, c'est naturellement Rudolph Valentino qui est choisi. D'abord, ses origines italo-françaises en font un Espagnol convainquant, ensuite, il vient de triompher dans l'adaptation d'un autre livre du monsieur : Les Quatre cavaliers de l'Apocalypse ce qui le place à peu près au sommet de sa gloire éphémère, quelques années avant sa mort retentissante qui fit tant pour sa renommée...
Oui, parce que franchement, avec sa tête de petit gigolo et son physique de réformé, le bellâtre ne pouvait pas compter passer autrement à la postérité. Le talent d'acteur est encore limité, hélas, mais il a une petite présence déjà, ce qui n'est pas si mal.
Néanmoins, c'est intriguant de revenir sur cette homme dont le nom a tellement dépassé l'oeuvre, celui pour qui les femmes se sont données la mort à la sienne, ce genre de choses... Ici, il joue Juan Gallardo, jeune cordonnier sans fortune qui rêve de devenir grand matador d'Espagne. Il est amoureux de la belle Carmen, bien sûr, jouée par la ravissante Lila Lee et se retrouve un jour face à une vile femelle tentatrice comme seul le fourbe Orient peut en concevoir...
Bon, alors là, c'est là où je ne suis plus d'accord, parce que Nita Naldi, franchement, elle ne fait pas le poids face à la petite mignonnette, et c'est bien dommage, ça rend le film beaucoup moins crédible.
Mais, tout de même, le récit est assez surprenant, on ne sait pas trop où ça nous emporte, il y a un mystérieux étudiant spécialiste de cruauté humaine qui vient nous offrir de temps en temps ses lumières, il y a aussi un bandit à escopette, bien sûr, une mère aimante, un beau-frère pénible, un banderillero fidèle, enfin, tout ce qu'il faut...
Et sinon, de temps en temps, quelques plans merveilleux, des trouvailles de montage, mais aussi des décors absolument charmants. Je suis personnellement grand admirateur de la petite maison de la pauvre vieille, mais il y en a pour tous les goûts.