Arès est un film inespéré, un OVNI dans le paysage cinématographique français. Un peu de SF dans ce monde de brute que diable! Ca nous changerait des comédies bas de gamme qu'on nous sert à la pelle chaque année (avec le dernier en date, celui qui nous vend un max de rêve: A bras ouverts) ou des drames dépressifs qui nous sont propres (et que j'aime assez pour le coup dans pas mal de cas... Sans doute que cela fait de moi quelqu'un de trop dark?). Mais ce qui nous manque, c'est des fulgurances dans les genres de l'horreur ou de la SF (nous ne parlerons pas de la fantasy qui déjà n'est pas forcément très bonne à l'étranger, mais avec notre patte à nous rendrait des choses assez ridicules à mon avis).
Autant dire donc que rien que pour l'audace que représente Arès, il faut voir ce film. Après, de là à dire que c'est réussi... Personnellement je dirais même que je ne l'ai pas aimé... et j'en suis le premier embêté. Parce que moi, on me dit qu'un réalisateur français réalise un film de SF français, tout de suite, je me dis que peut-être, enfin, un peu de cinéma varié, un peu de cinéma culotté, un peu de cinéma qui tente quelque chose! Mais bon, il ne suffit pas de coller l'étiquette "SF" à un film pour qu'il soit réussi... loin de là. De la bonne SF, même si de grands noms ont réussi à la rendre plus "noble", c'est assez rare.
Arès est donc selon moi un échec sur quasiment tous les points. Il ne s'agit que de mon avis, mais l'esthétique m'a paru plutôt sale, très peu de plans étaient vraiment beaux, avec en général une mauvaise gestion de la lumière, une ville de Paris futuriste pas très propre (pas au sens de la propreté de la ville, mais des plans qui la décrivent: CGI, flou, cadrages pas terribles...). Concernant les musiques, pas grand chose à dire, je ne m'en rappelle même pas, à part la reprise de Mad World à la fin. Le scénario n'est pas très original pour un sou, mais surtout, le gros problème vient surtout des acteurs. Le jeu d'acteurs est en effet soit surjoué soit sous-joué. Les grands dirigeants de l'entreprise "machiavéliques aux intentions trop mauvaises tout ça tout ça" surjouent. Ils sont trop dans la méchanceté dans leurs regards, leurs mimiques, leurs intonations de voix. J'ai même ris à certains moments. De l'autre coté, on a Reda/Arès, au jeu monolithique au possible. Les autres en général ont un jeu plutôt lisse, souvent maladroit. Au final, je n'ai jamais ressenti aucune émotion, le film ne m'a rien transmis. En revanche, un bon point: les scènes de combats s'avèrent plutôt pas mal foutues, bien rythmées, on ressent les coups donnés par les adversaires, même si cela ne révolutionne rien, ça fait son travail, il faut au moins le souligner.
La note que je donne à Arès est donc moyenne. J'aurais envie de mettre plus, mais c'est déjà bien pour un film qui ne m'a pas plu, puisqu'en général je tacle un peu plus que cela quand je n'aime pas. J'ai envie d'être indulgent avec ce film de Jean-Patrick Benes qui, à défaut d'être un grand film, a au moins eu le mérite de vouloir apporter un nouveau souffle à la science-fiction française. Le résultat ne me plait pas, mais je ne peux nier l'ambition derrière.
J'ai vraiment l'impression qu'on a 20, 30, voire 40 ans de retard en matière de science-fiction. Et ce n'est pas qu'une question de budget puisque des sousous, on en a pour des "Grand Partage", "A Bras Ouverts", et tous les autres. Ce qu'il nous manque, c'est une vraie volonté, une volonté de révolutionner la SF en France... Peut-être que ce film permettra d'ouvrir certaines portes pour développer tout ça!
Finalement, à quand un vrai grand film marquant dans l'histoire de la SF française qui pourrait servir de pierre angulaire à ce genre comme ont pu le faire 2001, Solaris ou Blade Runner?... Moi j'y crois... Un jour...