8 ans après son « chef d’œuvre » qu’est Vilaine, Jean-Patrick Benes revient nous en mettre plein les yeux avec son nouveau « superbe » film français de genre (Cocorico !) et écrit par lui-même, Arès.
Pour ne pas apparaître comme un monstre sans pitié, commençons par le seul point positif du film : son ambition. Il est vrai qu’aujourd’hui en France, il est encore difficile de produire des films de genre, tant le marché est sous la suprématie d’Hollywood. La tentative de faire un film français sous les jougs de la science-fiction et du post-apocalyptique, et ayant pour sujet la critique des médias et de la télévision comme l’ont déjà fait Rollerball, Running Man ou encore Ultimate Game, peut être grandement soulignée.
Cependant, à notre grande tristesse, ce film va confirmer cette superbe expression de type grivoise : mettre du caca dans une crêpe n’en fait pas de la pâte à tartiner.
Parce que oui, ce n’est pas parce qu’on propose un projet ambitieux qu’à côté on devient un bon metteur en scène et qu’on propose à la fin un bon film.
Comme dit avant, nous sommes face à ce qu’on pourrait appeler du « cyberpunk ». Le but premier est donc de créer une dystopie futuriste afin de critiquer le temps présent. Gros problème : le film part dans tous les sens, et plus le film avance, plus l’aspect critique s’évapore. On nous introduit des personnages qui n’ont pas d’intérêt si ce n’est de faire un quota (comme le voisin homosexuel et travesti d’Arès) et qui n’apporte réellement rien. Personnellement, pour montrer que le film ne comprend plus ce qu’il veut dire, reprenons donc le personnage homosexuel : chez lui, il y a des caméras partout afin que les gens payent et puissent le suivre en permanence sur Internet. Concrètement, ceci est censé amener une critique sur le voyeurisme en augmentation aujourd’hui par rapport à tous les appareils et services proposant de suivre les gens en direct, marquant une sorte d’égocentrisme et de renvoyer son image le plus possible sur Internet. Le problème, c’est que plus tard, ces caméras sont utilisées afin de sauver 2 autres personnages, un set-up/play-off donc. C’est quoi le message à faire passer alors ? Une totale contradiction entre ce qui veut être dit et au final ce qui est dit.
Egalement, on sent que le film est un peu voire trop à la ramasse concernant ses effets spéciaux. Comme dit souvent, si on n’a pas le budget, on ne montre pas ou soit on ne fait juste pas. Déjà que la photographie du film est assez moche voire horrible à certains moments (obligation de me retenir à ne pas crier « Sous-exposition ! » dans la salle), si par-dessus on doit rajouter des effets spéciaux cheap qui, de nouveau, n’ajoutent aucun réel propos (par exemple le métro qui surplombe Paris, bon bah ok génial merci au revoir !), on se retrouve avec un visuel qui pique un peu les yeux.
Pour continuer du côté négatif, l’acteur principal ne sait jouer qu’une expression, c’est-à-dire faire la gueule et ne donner aucune envie dans ses répliques. Parlons des combats qui prennent quand même une place assez importante dans le récit. Même si à noter ceux-ci sont pas trop mal chorégraphiés, la retranscription n’arrive pas vraiment à suivre. Ça fait des gros plans pas très inspirés, ça coupe à chaque coup. Il est quand même dingue de se dire que cela fait 10 ans que les films d’action essayent de copier le côté épileptique des scènes d’action de la saga des Jason Bourne et qu’aucun n’ait réussi à être au même niveau. Au final cela rend juste les combats quelque peu illisibles et ne rend en aucun cas hommage aux différentes chorégraphies mises en place.
Ceci va me permettre d’introduire le pire point du film : le montage. Le film dure 1h20, et malgré cette courte durée, on arrive quand même à nous lâcher plusieurs fois les mêmes plans de Paris vu de dessus ainsi que de camps de réfugiés (dont on se fout complètement dans le film) : c’est ce qu’on pourrait appeler une technique de remplissage assez honteuse, si je puis me permettre. J’aurais beaucoup d’autres choses à rajouter sur le montage, mais je pense juste que la présence d’un plan de moins de 2 secondes représente la mauvaise qualité de celui-ci. Un moment dans le film, nous avons un gros plan sur le visage d’un cadavre dans une morgue. Le plan dure donc moins de 2 secondes. Sur ce petit laps de temps, j’ai eu le temps de voir le cadavre respiré ainsi que sa jugulaire battre. Alors, juste, à quel moment, à quel moment tu vois ça et tu te dis « Oh c’est bon laisse, les gens y verront que du feu ! ». Au final cela apparaît plus comme un crachat en plein visage des spectateurs plutôt que d’une simple erreur.
Pour conclure, ce film apparaît juste comme une tentative ratée de faire du cinéma de genre français. L’intention était sûrement noble, mais il nous est à la fin proposé juste un pauvre frigo vide. En espérant quand même que ce film donne quand même l’envie à d’autres réalisateurs français de se lancer dans le genre, seul le temps nous le dira.