Le divertissement de masse comme arme politique et propagandiste est une manœuvre qui ne date pas d'aujourd'hui. Dans la Rome Antique, le procédé s'appelait : "Panem et circenses" littéralement "Du pain et des jeux". Divertir la plèbe dans les arènes pour mieux la manipuler et la gouverner. Quelques millénaires plus tard, la télévision s'est substituée à la poussière des arènes et aux combats de gladiateurs. Les maîtres du monde ne sont plus les sénateurs romains mais bel et bien les producteurs de télé nourrissant grand nombre de nouvelles et romans d'anticipation adaptés au cinéma. On se souvient du dérangeant "Vidéodrome" de David Cronenberg et sa TV porno, ultra-violente et racoleuse pouvant provoquer tumeurs et hallucinations, une mise en garde à peine voilée d'un voyeurisme dévastateur. Une société dystopique dans laquelle, la TV est une arme politique redoutable est le point commun qui unit le film "Ares" de Jean-Patrick Benes avec des œuvres comme "Running Man" de Mickael Bachman alias Stephen King ou encore "Le prix du danger" de Robert Sheckley, deux nouvelles d'anticipation adaptées au cinéma par Paul Michael Glaser et Yves Boisset. Comme "le prix du danger", "Ares" se déroule en France dans un futur proche, le pays ne fait plus rêver personne et compte parmi les nations pauvres avec ses 15 millions de chômeurs. Dans ce contexte de chaos social, Reda (Ola Rapace) alias Ares, une ancienne gloire d'un jeu TV à succès essaie de survivre en aidant la police anti-émeutes. Pour calmer la rue, une chaine sportive privée organise des combats à mains nues où tous les coups sont permis. Regardé par des millions de téléspectateurs, le programme est sponsorisé par des consortiums pharmaceutiques testant ainsi leurs drogues sur les athlètes. Des drogues légalisées par des entreprises privées se substituant au gouvernement fantoche. Le film d'anticipation n'est pas le genre le plus couru en France et à ce titre "Arès" est une excellente surprise autant par son scénario, ses acteurs, qu'à travers son décor d'un Paris futuriste glaçant à l'image embuée. Le premier étage de la Tour Effel n'est plus qu'un immense écran à 360°, symbole de la toute puissance médiatique voire messianique, crachant ses spots vantant les drogues et autres antidepresseurs. Dans ce futur pessimiste, la lumière est verticale, verticale comme les immenses tours d'ivoire des multinationales, contrastant avec la sombre horizontalité du monde d'en dessous où les rues ne sont plus que bidonvilles et pauvreté. Pour aider sa soeur emprisonnée, accusée de terrorisme, Reda (Arès) n'a pas d'autre choix que de reprendre le combat. Voyant là un moyen de s'enrichir, la société Donevia décide de le sponsoriser. S'engage alors un combat aussi bien sur le ring que dans la vie pour Reda devenu à lui seul, le symbole d'une société sur le point d'exploser. La révolte gronde et dans la mythologie grecque, Arès est le dieu de la guerre !